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La(35) famille de Rieux comptait parmi les plus anciennes du duché de Bretagne. En 1710, René Louis de Rieux, persuadé de l'origine royale de sa famille, n'hésita pas à présenter à Louis XIV un « Mémoire avec généalogie de la maison de Rieux », dans lequel il démontrait la parenté de Rieux, non seulement avec la Maison de France, mais avec la plupart des autres maisons régnantes d'Europe. Les seigneurs de Rieux étaient considérés comme des princes de sang et des cadets de Bretagne. L'attitude incohérente de Jean IV de Rieux-Rochefort, tuteur d'Anne de Bretagne, amena une première désaffection des sires de Rieux envers leur fief des bords de la Vilaine. Le château subit des dommages en représailles de la révolte de ce maréchal de Bretagne, de Claude de Rieux, et son épouse Suzanne de Bourbon ne réside plus au château de Rieux à partir de 1532. Désormais, les Rieux préfèrent Rochefort en Terre, la Forêt-Neuve (Glénac) ainsi que Sourdéac. Ils vivront à Ancenis et, bientôt, iront s'installer à Paris.
la famille de RIEUX comporta plusieurs branches
Le chef de cette branche de la famille de Rieux
Fils du maréchal de Rieux, Jean IV du nom, et d'Isabelle de Brosse. Sans être ecclésiastique, il fut à 18 ans abbé commendataire de l'abbaye de Prières fondée en 1252 par Jean Ier duc de Bretagne, située dans la paroisse de Billiers au diocèse de Vannes et dont le revenu annuel était de 30.000 francs. II y succédait à M. de Hangest et se démit en 1533 en faveur de Guillaume Cor. Il eut le goût, sinon la manie des bénéfices ecclésiastiques. II se fit nommer évêque de Saint-Brieuc le 6 septembre 1525 et administra cet évêché pendant 20 ans sans être prêtre ; il avait comme auxiliaire et comme suppléant dans la direction de son diocèse Geoffroy, évêque de Tibériade ; en 1544, il donna sa démission de Saint-Brieuc et, en 1545, il succédait au cardinal de Ferrare sur le siège de Tréguier. Enfin, son frère lui ayant donné en partage la seigneurie de Châteauneuf et une partie de celle de Rieux, il se démit définitivement de ses fonctions d'évêque, sortit de la cléricature et se maria en 1548 avec Béatrice de Jonchères, dame de la Perrière en Anjou. II acheta alors la seigneurie de Sourdéac en Glénac.
Il eut deux fils :
Il acheta en 1589, le 31 mars, la seigneurie du Plesnix-Bertrand, au diocèse de Saint-Malo, à Charlotte de Montgomméry, douairière de Beaufort.
De son mariage avec Anne de Chastel, Guy Ier eut une fille :
-Marie de Rieux.
Marie survécut à son mari et eut pour fille unique :
Catherine qui fut mariée en 1633 à Pierre de Gondi, elle mourut en 1679 sans postérité ; Marguerite, mariée, en 1645, à Louis Cossé, duc de Brissac, qui en eut : Marie, épouse de François de Neufville, duc de Villeroy, maréchal de France.
Catherine qui fut mariée en 1633 à Pierre de Gondi, elle mourut en 1679 sans postérité ;
Marguerite, mariée, en 1645, à Louis Cossé, duc de Brissac, qui en eut : Marie, épouse de François de Neufville, duc de Villeroy, maréchal de France.
Second fils de Jean, seigneur de Châteauneuf et de Béatrice de Jonchères, dame de La Perrière ; frère de Guy Ier, seigneur de Châteauneuf et petit-fils du maréchal de Bretagne, René devient seigneur de Sourdéac qui lui échut en partage et il devint ainsi le chef de la branche cadette de Châteauneuf dite de Sourdéac.
Il naquit en 1558. Il fut élevé parmi les pages de Charles IX et commença à porter les armes à 14 ans, en 1572. Il épousa ensuite Susanne de Saint-Melaine, dame de Bourg-l'Évêque. Ensuite, il prit part au siège de La Rochelle, aux guerres de Normandie, de Matignon, aux sièges de Saint-Lô, de Carentan et à la journée de Coutras en 1587.
En 1586, le roi Henri III lui confia une compagnie de chevaux légers et le nomma capitaine des soldats du Seigneur de Bellegarde.
En 1589, il obtint de Roland de Neuville, évêque de Léon, l'île d'Ouessant.
Habitée dès la préhistoire, l'île d'Ouessant, du celte Uxisama, « la plus élévée », fut évangélisée au VIe siècle par Saint Pol-Aurélien, venu de Grande-Bretagne, qui débarqua à Porz-Pol. Il fonda un ermitage à l'emplacement de l'actuel bourg de Lampaul. En 1338, les Anglais ravagèrent l'île. La seigneurie fut érigée en marquisat en 1597 par Henri IV à l’aide de lettres patentes pour récompenser René de Rieux de sa fidélité, lettres dans lesquelles il l’appelait son cousin. René de Rieux de Sourdéac fit fortifier l'île.
Il refusa d’entrer dans la Ligue et tint en Bretagne le parti du roi avec le maréchal d’Aumont. Il se déclara pour Henri IV qui le nomma gouverneur de Brest, en survivance de son frère Guy Ier de Châteauneuf et de son lieutenant général en Bretagne
À Camaret, la chapelle Notre-Dame de Rocamadour, construite en 1527, a sans doute été ruinée en 1597, année où, à deux reprises, des combats eurent lieu autour de cette chapelle entre les vaisseaux du brigand La Fontenelle et ceux du Gouverneur de Brest, René de Rieux de Sourdéac.
À la fin du XVIe siècle, la forteresse se distingue très nettement de la ville.
Une séparation entre militaires et civils s’opère et les habitations de la ville close sont détruites. En 1592, le siège de la justice royale est transféré à Saint-Renan. BREST reste une petite ville. Le Gouverneur, autorité suprême de Brest et représentant du roi, réside au château. Nommé à ce poste en 1552, le duc d’Étampes réadapte les défenses du château à travers la construction du bastion dit de Sourdéac (du nom du gouverneur qui en commanda l’achèvement). La tour Madeleine est transformée pour s’adapter à l’artillerie. La création de salles basses nécessite l’exhaussement du sol de la cour du donjon. De 1589 à 1598, les guerres de la Ligue sévissent. La Place de Brest est ralliée à la cause royaliste.
À partir de 1591, René de Rieux fit de Brest le boulevard des Royaux ; il repoussa les attaques des Ligueurs, défit plusieurs fois les troupes de Mercoeur. De juin à novembre 1592, cinq à six mille Ligueurs assiègent la ville, mais le gouverneur Sourdéac supporte ce siège et impose une trêve. En conséquence, la défense du château est de nouveau renforcée. Le bastion Sourdéac, construit entre 1560 et 1597, englobe et protège le donjon des Ducs afin de le mettre à l'abri de l'artillerie. Sur le front sud-ouest, les tours françaises et de Brest remplacent les tours médiévales. La tour Madeleine est chemisée afin de tripler l'épaisseur de ses murs. Elle perd ses créneaux et sa toiture au profit d'une terrasse à canons.
René de Rieux dirigea maintes expéditions et réduisit plusieurs places sous l’obéissance du Roi. [7]. Celui-ci, après lui avoir conféré, le 2 janvier 1597, le collier de ses Ordres, avait créé, en 1604, au profit de la fille de René de Rieux, Marie, deux foires annuelles et un marché hebdomadaire à Recouvrance. Sourdéac suivit le roi Henri IV en 1600 à la conquête de la Savoie. Maintenu dans son gouvernement par Marie de Médicis, près de qui lui et ses enfants étaient en grande faveur, il semble l'avoir exercé jusqu'à sa mort, qui eut lieu à Assé, en Anjou, le 4 décembre 1628. Le marquis d’Ouessant est l’auteur de Mémoires inédits vantés par Challandier et suivis par l’historien Mathieu. Ces Mémoires ont été égarés.
Deux actes importants se passèrent sous son administration, depuis la mort d'Henri IV. Le premier est le règlement du 6 décembre 1618, conclu devant notaires, suivant l'usage du temps, entre le gouverneur et les habitants de Brest, acte détaillant les obligations auxquelles les contractants étaient respectivement tenus lors de l'installation des maires de Brest. Cet acte, qui permet de se faire une idée des franchises municipales dont la ville jouissait alors, est d'une forme trop pittoresque et, en même temps, d'une valeur trop significative au fond, pour que nous ne la reproduisions pas textuellement ici, d'après une copie que l'on doit à l'abbé Béchennec :
Règlement et forme des cérémonies qu'on observera dorénavant en élection et réception des maires, suivant l'acte passé le 6 décembre 1618, au rapport de maître Théaud, notaire royal.
L'ancienne coutume de faire élection et création d'un nouveau maire en ladite ville de Brest, de trois ans en trois ans, sera continuée et inviolablement gardée et observée à l'avenir pour le maintien et la conservation des honneurs et privilèges des dits habitants, en compagnie de sa présence ou députer tel qu'il lui plaira pour assister à ladite élection, sous l'autorité du Roy et la sienne. Ledit sieur gouverneur ou son délégué arrivé en l'église avec lesdits députés, l'on commencera à procéder à ladite élection, et seront les voix et suffrages d'un chacun des habitants recueillis par l'un d'entre eux qui sera nommé à cette fin ; lequel hautement et publiquement les recevra et écrira en présence du dit sieur ou de son délégué et celui qui aura le plus de voix sera tenu pour élu, toutefois sous le bon plaisir.
René de Rieux avait épousé Suzanne de Saint-Melaine, dame de Bourg-L’Évêque qui devait décéder à Brest le 22 mars 1616. Ils eurent plusieurs enfants :
Alexandre [8] de Rieux était un triste original. Tallemand des Réaux a dit de lui : « II se fait courir par ses paysans comme on court un cerf et dit que c'est pour faire exercice ». II n'y a pas meilleur serrurier au monde, ajoute Tallemand, il travaille de la main admirablement. II travaillait si bien que, de serrurier et de mécanicien, il devint machiniste et entrepreneur de spectacles. Il fit construire, dans son hôtel à Paris, une salle de spectacle où il représentait gratis les œuvres de Corneille.
En 1660, il commande à Pierre Corneille une pièce, La Toison d'or, pour célébrer le mariage de Louis XIV. Présentée d'abord à son château de Neufbourg (voir ci-après) avec la participation des comédiens du Marais, la pièce est transférée au Marais en 1661 avec toutes les machines et les décorations.
Le 16 avril 1661, il est parrain de Charlotte Lenoir, qui deviendra, en 1675, femme de Michel Baron et, en 1695, la belle-mère de Catherine Vondrebeck.
Le 12 décembre 1669, le marquis de Sourdéac, l’abbé Perrin et le financier Champeron louent le Jeu de Paume de Bécquet et dépensent des sommes considérables en y construisant une salle d'opéra inutilement, car ils en seront expulsés par le lieutenant de police. Leurs peines n'y sont pas pour rien : en 1672, la salle servira à Lully et, en 1710, sous la direction des entrepreneurs forains, elle deviendra la première salle qui porte le nom de l'Opéra-Comique.
Le 8 octobre 1670, il signe un bail pour la location du Jeu de Paume de la Bouteille qui deviendra la première salle de l'Opéra à Paris.
En mars 1671, il crée les machines pour la pastorale de Pomone en cinq actes, au Jeu de Paume de la Bouteille, la première représentation publique de l'Académie d'Opéra. Le texte est de l’abbé Perrin, la musique de Cambert, le marquis avait fait les machines et Saint-Evremond, qui fut un des spectateurs, ajoute malicieusement : « Pomone est le premier opéra français qui ait paru sur notre théâtre ; M. de Sourdéac en fait les machines : c'est assez dire pour vous donner une grande idée de leur beauté. » « On voyait les machines avec surprise, les danses avec plaisir. » C'est ainsi que le chef de la branche de Sourdéac se ruinait noblement ou plutôt artistiquement
Les Pygmées,[10] premier spectacle de La Troupe royale des Pygmées, paraît au Marais. C'est un opéra de marionnettes : des figures humaines de quatre pieds de haut, richement habillées, en très grand nombre qui vont réciter, marcher, actionner comme des personnes vivantes… sans qu'on les tienne suspendues
Le privilège, pour la troupe, fut accordé à La Grille, chanteur de la Musique de la Chambre du roi, en mars 1675. Les chansons rappellent celles de Pierre Perrin, fondateur de l'Académie d'Opéra en 1669. Les machines volantes et les décors rappellent l'œuvre du marquis de Sourdéac qui, avec La Grille, participait à l'entreprise de Perrin jusqu'au moment où Lully leur enleva le privilège de l'Opéra
Le thème des Pygmées rappelle le ballet dansé à Essaune, en 1656, pour la réception de la reine Christine de Suède dont Beauchamp, maître de ballet pour Perrin et ensuite pour Lully, a fait la chorégraphie. Perrin lui-même emploie l'image des Pygmées dans son ballet des faux Roys : la quatrième entrée de la IIe partie présente : « … un petit garçon déguisé en nain, avec un bouclier et une grande épée, qui semble combattre contre les grues qui volent en l'air ».[11]
Sourdéac s'y intéresse aussi. On ne sait pas, mais, vu l'importance des décors et des machines volantes dans Les Pygmées et le fait que l'entreprise faisait opposition directe au privilège de Lully, c'est possible. Peut-être trouverons-nous une référence contemporaine à son intérêt dans cette épigramme collectionnée par Du Tralage
« Alexandre » serait donc Alexandre de Rieux, marquis de Sourdéac, et « la victoire » faisait peut-être allusion, après la chute de la troupe, à sa défaite par Lully en rappelant la chanson dans Les Pygmées qui a pour refrain, « Victoire ! Victoire ! Victoire ! Victoire »).
Décrite comme « tragédie enjouée », la pièce est plutôt pastorale comique, à la manière de Pierre Perrin (fondateur de l'Opéra français), mort en 1675. Avec ses dix-neuf chansons et ses entrées dansées, on pourrait même dire que c'est un prototype de la comédie musicale.
Les personnages sont représentés par des grandes marionnettes qu'on a vu dans le premier spectacle, Les Pygmées, avec, semblablement, un corps de ballet vivant et des sauteurs, peut-être les mêmes qu'on verra en 1678 présenter Les Forces de l'Amour et de la Magie, dont les thèmes et les techniques font écho aux Amours de Microton.
Du XIIe au XIIIe siècle, il fut un des hauts lieux de l'histoire normande. Les ducs normands, plusieurs rois de France y séjournèrent. En novembre 1660, [12] Alexandre de Rieux, Marquis de Sourdéac et baron du Neubourg fit jouer par la troupe royale du Marais, l'Opéra « La Toison d'or » de Pierre Corneille et de Lully, le premier opéra de féeries qui ait été joué en France.
Peu avant 1789, le donjon, la chapelle Saint-Barthélemy et les murs d'enceinte furent démolis pour doter la ville d'une nouvelle place. Seuls subsistent "La Maison Neufve", corps de logis à pans de bois du XVIIe siècle, la salle des Préaux du XIIIe siècle et la tour de madame du BOULEY.
Dans le bas de la rue du Tour-de-Ville-Nord, on peut apercevoir dans plusieurs propriétés particulières les vestiges des murs d'enceinte du bourg.
Depuis quelques mois, le château est inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Dès 1692, le Parlement avait décrété la vente des biens d'Alexandre de Rieux dit Sourdéac, principalement Landivisiau, Neufbourg en Normandie, Kermelin, Coëtmur, l'île d'Ouessant, le Bourg-l'Évêque, etc.
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L'histoire de la maison de Rieux [13] a duré autant que l'histoire de Bretagne elle-même. Et l'on y trouve des grands hommes à chaque génération. Tant qu'ils ont vécu et combattu sur le sol de la Patrie bretonne, la sève vigoureuse de cette illustre race n'a rien perdu de sa fécondité. Mais, hélas, il semble qu'il lui fallait la terre natale pour conserver sa vigueur. En effet, après la réunion de la Bretagne à la France et surtout lorsque, sous Louis XIII et Louis XIV, ils devinrent seigneurs de la cour, au lieu d'être presque des princes en Bretagne, la décadence commença ; les alliances sont dès lors moins brillantes et l'on voit poindre la gêne, les emprunts, les saisies de ces admirables terres, véritables principautés où ils régnaient, traitant presque d'égal à égal avec leurs souverains et enfin les ventes et la ruine.
À partir de cette absorption par la France, ils doivent se contenter de vivre en simples seigneurs et ils deviennent, comme tout le monde, colonels de quelque régiment : on les voit se ruiner, comme le marquis de Sourdéac à fonder l'Opéra. Chaque branche s'éteint à son tour, jusqu'à ce qu'enfin le dernier du nom vint mourir tragiquement dans les marais d'Auray (voir ci-dessous) comme si la terre bretonne eut été jalouse de recevoir et d'absorber les dernières gouttes de ce sang illustre qui, à la fin de sa grande race, lui revenait comme au sein de sa mère.
Le château de Rieux fut démoli ; déjà celui de Sourdéac était à peu près en ruines ; la Forêt-Neuve ne valait guère mieux. Le duc de Lorraine vendit les terres du comté de Rieux, en 1662, à messire Louis François Cyr de Rieux, dernier marquis de Sourdéac et dernier comte de Rieux. Il mourut en Angleterre, son fils unique, Louis, le dernier descendant des Rieux, pris à Quiberon, périt fusillé au champ des Martyrs en 1795.
« Le dernier des Rieux » (14), comme les chroniqueurs qualifient le jeune Louis de Rieux, va être appelé par le destin à signer de son sang l'une des plus tristes pages de l'histoire bretonne.
Âgé de 22 ans à la Révolution, il avait émigré avec son père en Suisse d'où il s'engagea comme lieutenant du corps expéditionnaire de Quiberon. Prisonnier, mis d'abord en sursis par une première commission militaire, il fut repris par une seconde, siégeant à Auray et condamné à mort le 28 avril 1795. On a dit, sans certitude aucune, que l'intervalle entre les deux procédures correspondait à une tentative occulte de sauver l'infortuné jeune homme contre une forte rançon proposée à l'intendant de la Forêt-Neuve, Auguste Joyaut de Couesnongle, qui avait réussi, en quelques jours, à réunir les 20 000 livres en or fixées pour le succès du projet. Alors qu'il se hâtait vers Auray, Joyaut fut délesté de son trésor et Rieux passé par les armes. Joyaut, traînant son cheval fourbu , arrivait à Auray ; il faillit devenir fou et dès ce moment fut un chouan extrême
Un extraordinaire hasard faillit néanmoins le sauver. Au moment précis de l'exécution dans le marais de Kerso, une seconde avant la salve meurtrière, il s'élançait dans les roseaux et il allait atteindre le Loch lorsqu'en se dégageant de la vase, il fut atteint du coup mortel qui l'avait épargné l'instant auparavant. Coup de feu, peut-être, mais une tradition constante affirme coup de faux asséné par un garçon meunier qui passait là, par une autre malchance tout aussi extraordinaire qui annulait le sort invraisemblable dont il venait de bénéficier. Invraisemblable, pas absolument unique : il arriva que des émigrés fussent seulement blessés, laissés pour morts dans les marécages où, la nuit tombée, s'aventuraient les femmes du manoir de Kerso : les filles de Philippe Lauzer, dont les maris pourvoyaient l'Ankou de la Révolution : Lucas Bourgerel, accusateur public près du tribunal criminel et Pierre Boullé, procureur général du département.
Leurs épouses avaient déjà sauvé François de Lancour-Lanjégu qui s'était évadé de la chapelle de la Congrégation et, dans une cachette de Kerso, il avait attendu le moment de fuir. Pareillement étaient-elles prêtes à secourir Louis de Rieux dont elles avaient suivi la tentative. Tout ce qu'elles purent, c'est recueillir son corps et lui donner dans leur jardin une sépulture décente, complétée plus tard d'un petit monument, tertre et colonne, que le temps, néanmoins, a flétri.
Mais le souvenir de la tragique journée du 28 août 1795 demeure vivace au pays de Brech, comme celui du 29 septembre 1364 qui vit, en cette même vallée marécageuse, la défaite et la mort de Charles de Blois. Un semblable destin d'infortune a réuni, à quatre siècles et plus de distance, deux très grands noms de l'histoire bretonne : elle les conserve plus fidèlement que les brumes dissipées par le soleil sur les dramatiques marais de Kerso.
Sources :
(5)Revue Morbihanaise Famille de Rieux par MERLET Pierre
[6] Musée National de la Marine une histoire, le château de Brest.
[7] Dom Morice, Preuves, Tome III, 1551, 1562, 1598, 1635, etc.).
[8] Revue Morbihanaise. Famille de Rieux par MERLET Pierre
[9] Voir MELESE (1934B) p. 161.
[10] Campardon, Les Spectacles de la foire...
[11] AULD (1986), vol. 3 pp. 74-75.
[12] http://www.le-neubourg.fr/page_plan.php
[13] Revue Morbihannaise Famille de Rieux par MERLET Pierre
[14] : Noblesse Bretonne par le comte de Laigue
(35) :-La Boucelaye au pays de Redon par Georges Le Cler
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