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Vers 1770, le château est la propriété de François de Rieux marié à Marie-Anne de Saulx-Tavannes.
Au point de vue révolutionnaire, la Bibliothèque nationale conserve le procès-verbal de l'incendie par les républicains de toutes les archives de la Forêt-Neuve. Il est signé par M. Joyaut et plusieurs administrateurs du district de Redon.
Le 2 floréal an III (21 avril 1795) de la République française, une et indivisible, une séance publique présidée par le citoyen Gentil et où siégeaient les citoyens Saulnier, Thélohan et Mollié administrateurs et Binel, agent national, était tenue à Redon (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : 2483, folio 102), s'est présenté le citoyen Julien-Alexis Joyaut, fermier de la terre de Rieux ; lequel déclare que la Foret-Neuve est située dans la commune de Glénac, district de la Roche-des-Trois, département du Morbihan ; qu'après la dernière récolte il se rendit au Directoire de la Roche-des-Trois et y déclara les grains et foins qu'il avait récoltés sur cette terre, environ 175 demés de seigle, 12 demés de froment ; 30 demés d'avoine, le tout mesure de La Gacilly, et 23 milliers de foin ; que le même jour ou le lendemain les administrateurs de la Roche-des-Trois lui écrivirent de garder les grains et foins sus-référés, parce qu'ils étaient dans l'intention de les faire passer à Redon dans les magasins de la république, que depuis il a été plusieurs fois à la Roche-des-Trois, et qu'à chaque voyage il a engagé les administrateurs à disposer des grains et foins dont il s'agit ; qu'ils lui ont répondu qu'ils les feraient incessamment conduire à Redon ; que le 22 germinal dernier, le citoyen Larsonnier, garde des magasins de la république à Redon, se transporta à la Forêt-Neuve avec des voitures et un détachement et fit enlever les foins qui s'y trouvèrent, à une très petite exception près, que les voitures ne purent charger ; que le lendemain, il vint à Redon, vit le citoyen Aubry, fournisseur, et le pria de faire enlever le plutôt possible les grains restés à la Forêt-Neuve, que ce dernier lui répondît qu'il les ferait enlever dans 5 ou 6 jours et que pour cet effet il aurait besoin d'un détachement ;que lui Joyaut vint à Redon hier soir à l'effet de presser le citoyen Aubry de faire exécuter cet enlèvement ; mais que le matin, Louise-Thérèse Joyaut, sa sœur, lui a écrit que les grains en question ont été enlevés la nuit dernière par une troupe de brigands qui s'en saisit violemment; enfin que le particulier qui commandait cet attroupement a donné une déclaration dont voici les termes. :« De par le Roi, je me suis transporté chez le nommé Joyaut avec 200 hommes pour enlever les grains destinés à la république. » Fait dans la nuit du 21 avril 1795, l'an III du règne de Louis VII (Roi très chrétien).
Signé : Constant, capitaine de l'armée catholique et royale de Bretagne. « À côté l'empreinte d'un cachet rouge. »
Le citoyen Joyaut a signé la présente déclaration et a déposé la lettre ci-dessus, même la lettre de sa sœur de lui contre-signée. Il a demandé acte du tout, ce que le Directoire, l'agent national entendu, lui a décerné.
Joyaut, Gentil, Molié, Thélohan, Saulnier, Binel et Raulin, secrétaire.
La [36]Forêt-Neuve possédait des archives magnifiques où se trouvaient, sans doute, à côté des titres du Comté de Rieux à Peillac, tous ceux des seigneuries de Rieux et de Rochefort. Ces titres concernaient très peu les sires de Rieux dont les parchemins étaient ailleurs ; ils intéressaient beaucoup plus les petits seigneurs du pays de Redon et surtout les cultivateurs et petits propriétaires des environs, car donnaient la situation et les débornements de leurs propriétés.
Nous allons voir le cas qu’en fire pourtant avec leur intelligence ordinaire « les vainqueurs de la Bastille ».
Au moment de la Révolution M. Julien Alexis Joyaut de Couësnongle occupait les fonctions d’administrateur ou, pour employer les expressions du temps, de fermier général du comté de Rieux à Peillac ; il habitait à la Forêt-Neuve. Depuis quinze jours, des bandes de chauffeurs révolutionnaires se succédaient les unes aux autres et, apparaissant à chaque instant, jetaient la terreur dans les campagnes, brûlaient les châteaux et leurs archives, sans doute pour éclairer d’une façon plus particulièrement lumineuse le règne de la Liberté. Le château de Beaumont (en Redon), écrit le comte de Gibon dans ses mémoires, étant sur la liste de ceux à brûler, j’ai armé mes gens et passé plusieurs nuits sans me déshabiller et armé de pied en cap ; les patrouilles de la ville venaient souvent dans les cours du château et, un jour, on m’a tiré d’une vigne voisine un coup de fusil qui me rasa la figure.
M. Joyaut avait reçu vingt avis lui annonçant la visite des brigands. Le 30 janvier, il apprenait qu’ils se trouvaient, tout à côté, à Sixt, et que leur intention était de se présenter le soir même à la Forêt-Neuve pour y faire leur visite. Mais nos révolutionnaires comptaient sans la force armée ; les soldats les attendaient à Sixt, le lendemain vers huit heures du soir en fusillèrent un certain nombre et en emmenèrent d’autres en prison à Lohéac et à Guichen.
Cet incident n’arrêta pas les incendiaires. Le 3 février, ils traversaient Carentoir et se dirigeaient sur la Forêt-Neuve. La bande se composait de 130 hommes armés de fusils, de sabres, de pistolets, de fourches et de haches. Ils se présentèrent vers 2 heures dans l’avenue du château et déclarèrent à M. Joyaut qui s’était avancé seul et sans armes au-devant eux que leur intention était seulement de brûler les archives, qu’il fallait les leur livrer immédiatement et qu’alors ils ne feraient aucun mal ni à la maison ni à ses habitants. M. Joyaut n’était pas en état de défendre les archives ; il avait eu bien de la peine à rassembler quelques-uns de ses voisins pour être les témoins de la scène d’horreur qui se préparait ; aussi se vit-il obligé de livrer le chartrier. Huit hommes armés seulement pénétrèrent dans la cour, les autres restant au-dehors. Deux sentinelles gardaient la porte. On monta aux archives et les titres furent jetés par la fenêtre ; les brigands s’en emparèrent, en firent un monceau à l’Est de la cour et y mirent le feu ; l’incendie dura trois heures et demie environ et les vainqueurs se retirèrent à 5 heures et demie.
Ainsi[37] périrent les archives de Forêt-Neuve.
Ainsi disparurent les parchemins, les titres de la seigneurie de Rieux sous l'œil indifférent, voire approbateur, des paysans. Un témoin raconte : « Tous ces papiers brûlèrent devant le château durant six heures, et pendant ce temps, le cidre ne cessa de couler ». L'escalade des paroles engendre la violence des actes. La position des Nobles devient difficile. C'est alors que nombre de gentilshommes du pays se préparent à émigrer
Comme les autres biens du comte de Rieux, la Forêt-Neuve fut confisquée par la Nation. M. Joyaut fut d'abord gardien des scellés apposés par l'État. Le gouvernement, en les volant ainsi, s'emparait de propriétés d'une valeur, à cette époque, d'un million. Quand la Forêt-Neuve fut mise en vente, M. Joyaut se retira volontairement, il s'y trouvait trop malheureux.
D’où venaient-ils ? Les procès-verbaux négligèrent de le noter. A la requête de Mr Joyaut de Couesnongle, présentée par Me Guillaume Burban, de la Ville-es-Carts, son procureur, Me Joseph-Marie Grinsard de la Salle, sénéchal de Rieux-à-Peillac, nomma trois experts pour enquêter sur ces évènements : Guillaume Hercelin, Léon Marquer et Joseph Morin. Puis, Me Grinsard vint lui-même, assisté de Me Jean-François-Noël Briend, procureur fiscal de la dite juridiction et de Me Daniel notaire, faire un procès-verbal de constat. En outre des cinq témoins signalés ci-dessus, il interrogea Pierre Gaillet, du Guay, âgé d’environ 65 ans, garde gruyer de la seigneurie de Rieux. Toute cette procédure fut très rapide et ne conduisit d’ailleurs à aucun résultat. A cette époque, les évènements se précipitaient trop rapidement pour qu’on eut le temps de s’y arrêter. Bientôt Grinsard devenu lui même l’un des plus fameux révolutionnaires de la Gacilly, dut considérer cet incident comme négligeable.
Les témoins n’oublièrent pas. Trois mois plus tard, ils renouvelaient, à Rochefort-en-Terre, la scène de la Forêt-Neuve ; mais, cette fois, c’étaient les archives de la Révolution que l’on livrait aux flammes. Surtout il y avait là un enfant de 12 ans à peine, dont ce spectacle orienta peut-être l’avenir. Nous voulons parler d’Aimé-Alexis-Augustin Joyaut de Couesnongle, le fils du fermier général, celui que son intrépidité chevaleresque et son dévouement à la cause royale firent dénommer, dans la suite, Joyaut d’Assas. De très bonne heure, il conçut une haine profonde pour tout ce qui tenat à la Révolution. Fidèle lieutenant de Georges Cadoudal, il fut compromis dans la conspiration de l’an VIII. Il se livra lui-même pour ne pas trahir ceux qui le cachaient, et porta sa tête sur l’échafaud sans laisser paraître la moindre émotion. Là sans doute était François Caillet, le fils du garde et le futur lieutenant du Canton, avec plusieurs de ceux que nous retrouverons au nombre des chouans. Cette leçon de choses commença à leur ouvrir les yeux sur le caractère du régime qui commençait.
Témoin de l’incendie des archives : M MEROT de Launay en Glénac-Epoux de Marguerite Macé
Acte de Mariage
Sources
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