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Disparition des Archives - Histoire de Glénac

 

I-Le contexte révolutionnaire et la destruction des archives de la Forêt-Neuve

La Révolution française fut une période de bouleversements profonds, marquée par la confiscation et la destruction de nombreux biens et archives appartenant à la noblesse et aux institutions locales. La Forêt-Neuve, située dans la commune de Glénac, district de la Roche-des-Trois, département du Morbihan, en fut une victime emblématique.

II. Le procès-verbal de l’incendie des archives de la Forêt-Neuve

La Bibliothèque nationale conserve le procès-verbal de l’incendie perpétré par les républicains sur toutes les archives de la Forêt-Neuve. Ce document officiel est signé par M. Joyaut et plusieurs administrateurs du district de Redon.

Le 2 floréal an III (21 avril 1795), une séance publique présidée par le citoyen Gentil et à laquelle participaient les citoyens Saulnier, Thélohan et Mollié, administrateurs, ainsi que Binel, agent national, se tenait à Redon. Le citoyen Julien-Alexis Joyaut, fermier de la terre de Rieux, déclara que la Forêt-Neuve était située dans la commune de Glénac. Il fit état de la récolte et du stockage de grains et de foins, précisant que les administrateurs lui avaient demandé de les garder en vue de leur transfert à Redon dans les magasins de la République. Malgré ses démarches répétées, le transfert n’eut pas lieu immédiatement.

Le 22 germinal, le citoyen Larsonnier, garde des magasins de la République à Redon, se rendit à la Forêt-Neuve avec des voitures et un détachement pour enlever les foins, puis Joyaut sollicita l’enlèvement des grains restants. Cependant, dans la nuit du 21 avril 1795, une troupe de brigands s’empara violemment des grains, comme l’atteste une déclaration signée par Constant, capitaine de l’armée catholique et royale de Bretagne :

« De par le Roi, je me suis transporté chez le nommé Joyaut avec 200 hommes pour enlever les grains destinés à la république. »

Cette déclaration fut déposée auprès du Directoire, qui en prit acte.

III. La disparition des archives : circonstances et conséquences

La Forêt-Neuve possédait des archives précieuses, comprenant notamment les titres du comté de Rieux à Peillac ainsi que ceux des seigneuries de Rieux et de Rochefort. Ces documents étaient essentiels pour les petits seigneurs et propriétaires locaux, car ils précisaient la situation et les limites de leurs propriétés.

« Nous allons voir le cas qu’en firent pourtant avec leur intelligence ordinaire ‘les vainqueurs de la Bastille’. »

Au moment de la Révolution, M. Julien Alexis Joyaut de Couësnongle, fermier général du comté de Rieux, résidait à la Forêt-Neuve. Depuis quinze jours, des bandes de chauffeurs révolutionnaires terrorisaient la région, incendiant châteaux et archives. Le château de Beaumont, par exemple, était menacé, forçant ses occupants à se préparer à la défense.

M. Joyaut avait reçu de nombreux avertissements concernant l’arrivée imminente des brigands. Le 30 janvier, il apprit qu’ils étaient proches, à Sixt, et qu’ils comptaient venir à la Forêt-Neuve le soir même. Cependant, une intervention militaire à Sixt retarda leur progression.

Le 3 février, la bande, forte de 130 hommes armés, arriva à la Forêt-Neuve. Ils déclarèrent à M. Joyaut que leur intention était uniquement de brûler les archives, promettant de ne pas toucher à la maison ni à ses habitants. Ne pouvant défendre les archives, M. Joyaut dut les livrer. Huit hommes armés pénétrèrent dans la cour, montèrent aux archives, jetèrent les titres par la fenêtre et y mirent le feu. L’incendie dura trois heures et demie.

« Ainsi périrent les archives de Forêt-Neuve. Ainsi disparurent les parchemins, les titres de la seigneurie de Rieux sous l'œil indifférent, voire approbateur, des paysans. Un témoin raconte : ‘Tous ces papiers brûlèrent devant le château durant six heures, et pendant ce temps, le cidre ne cessa de couler

IV. Les suites : confiscation, vente et départ de M. Joyaut

La destruction des archives marqua un tournant pour la noblesse locale, dont la position devint de plus en plus difficile, poussant certains à envisager l’émigration. Comme les autres biens du comte de Rieux, la Forêt-Neuve fut confisquée par la Nation. M. Joyaut fut d’abord gardien des scellés apposés par l’État, mais le gouvernement s’empara de propriétés d’une valeur considérable.

Lorsque la Forêt-Neuve fut mise en vente, M. Joyaut se retira volontairement, s’y trouvant « trop malheureux ».

V. Conclusion

La destruction des archives de la Forêt-Neuve illustre la violence et la radicalité des bouleversements révolutionnaires, qui, sous couvert de justice sociale, ont effacé une partie du patrimoine documentaire et juridique local, bouleversant durablement la vie des propriétaires et des communautés rurales.

 

 

 

 


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