accueil
[1] D’après l’essai [2] d’un pouillé général de l'ancienne Bretagne ou catalogue complet des divisions ecclésiastiques et des bénéfices que renfermaient les neuf évêchés de cette province avant 1789, le territoire du diocèse se partageait entre dix subdivisions ecclésiastiques dont les titres différaient, savoir archidiaconés. six doyennés et trois territoires et, à cette période, Glénac faisait partie du territoire de Rieux. En mai 1789, lors de la réunion des États généraux, un conflit éclate entre, d’un côté, les représentants du tiers état soutenus par une partie de la noblesse et du clergé qui veulent que les députés, sans distinction d’ordre, délibèrent en commun et que l’on compte les votes par tête et, de l’autre côté, les privilégiés, appuyés par le roi qui désirent, suivant l’usage ancien, que les députés délibèrent par ordre et que l’on compte les votes par classe. Mais le tiers état l’emporte. Dans les paroisses, c’est un peu la même chose qui se passe entre les paysans et les citadins plus ou moins bourgeois. Ainsi, à Guémené, les citadins revendiquent leur propre électeur, alors qu’à La Gacilly, la protestation est inverse. Déjà cette ville se distingue des autres communes environnantes par ses idées révolutionnaires, par son goût du changement et du progrès. En général, les électeurs ruraux contestent le résultat du scrutin trop favorable au candidat du chef-lieu, « ces vieux routiers exercés à la finesse et à la tromperie », peut-on lire dans une plainte des paroissiens du Temple et de Tréal, scrutin qui témoigne d’ailleurs de la rancœur et de l’animosité atavique des paysans « venus du fonds de leur campagne » et qui se sont faits duper « dans les lieux qui fourmillent de gens de judicature ». Déjà en 1788, sitôt après les évènements dont Rennes fut le théâtre à la réunion des États provinciaux et après l’incendie de l’abbaye de Redon, un groupe se forme à La Gacilly et devient une patrouille patriotique. Ils sont suivis par Rochefort-en-Terre et par Carentoir qui avoue naïvement faire comme les autres. À Redon, on dit que ce sont des brigands. Ce qui frappe dans ces formations, c’est leur composition. À La Gacilly, la « patrouille » est en majorité composée des éléments qualifiés par certains de médiocres et commandée par Guillemin, connu sous le sobriquet de Cadet, étranger au pays. Ce furent elles qui, quelques mois plus tard, allaient incendier les châteaux et les maisons bourgeoises. D’un autre côté, une partie de la bourgeoisie va rallier la révolution. Il s’agit d’hommes d’affaires, de petits bourgeois, de notables de l’ancien régime ou de personnalités imbues de leur personne, reniant la monarchie qui pourtant les avait « engraissés », qui changent d’opinion suivant les événements et qui deviendront les révolutionnaires les plus durs en retournant leur veste. Parmi ces révolutionnaires d’occasion se trouvent Le Clainche, avocat et sénéchal de Rochefort-en-Terre, Geslin, procureur-syndic du district de Rochefort, Séguin, ex-procureur du marquisat de la Bourdonnaye, le « meneur » de La Gacilly, Le Gall, procureur fiscal, Grinsart, le maire de La Gacilly et Jean-Marie Le Blanc, juge de paix de Carentoir, notaire et ancien procureur fiscal à La Gacilly. Né en 1761, ce dernier est nommé député du Tiers-État à l’assemblée de la sénéchaussée de Ploërmel le 7 avril 1789 sous le nom de Leblanc de L’Herminais. La nuit du 4 août, avec l’abolition de la féodalité et des privilèges, fut davantage critiquée par la petite noblesse que par la grande : elle y tenait d’autant plus qu’elle en possédait peu, comme le vicomte de Noailles qui lança l’idée de révolte d’autant plus facilement qu’il n’avait rien à perdre. La paysannerie n’y regarde pas de si près et se met à mener, contre ses maîtres et seigneurs, des expéditions au cours desquelles fut saisie de vive force et le plus souvent brûlée, la paperasserie ancestrale qui consignait droits et surtout devoirs. La noblesse ne se laissait pas toujours faire ; au pays de Vilaine, la riposte fut orchestrée par M. Joseph de la Ruée, seigneur de Castellan en Saint-Martin-sur-Oust et du Pré-Clos en Tréal. C’est lui qui, dès 1786, fomenta l’affaire dite du Pré-Clos, étant mêlé de très près à la rédaction d’une préface locale de la Révolution écrite en forme de tragi-comédie et qui continua en organisant les protestations de la noblesse et même en mettant en place des moyens de résistance. Le Pré-Clos est une gentilhommière où des conciliabules nombreux ainsi que des réunions furent tenus par l’animateur local, M. de La Ruée. Un soir de 1791, à l’heure du dîner, après une surveillance renforcée par le district de Rochefort, le Pré-Clos fut cerné par les dragons de Ploërmel qui arrêtèrent tous les convives. Ils furent très vite rendus à la liberté sans autre forme de procès. Le roi qui jouissait encore d’un semblant de pouvoir décréta l’amnistie en ouvrant l’assemblée législative du 1ᵉʳ octobre 1791. Les conspirateurs retrouvèrent leur liberté, mais ils comprirent qu’il ne fallait plus jouer avec ce feu.
[1] D’après l’essai [2] d’un pouillé général de l'ancienne Bretagne ou catalogue complet des divisions ecclésiastiques et des bénéfices que renfermaient les neuf évêchés de cette province avant 1789, le territoire du diocèse se partageait entre dix subdivisions ecclésiastiques dont les titres différaient, savoir archidiaconés. six doyennés et trois territoires et, à cette période, Glénac faisait partie du territoire de Rieux.
En mai 1789, lors de la réunion des États généraux, un conflit éclate entre, d’un côté, les représentants du tiers état soutenus par une partie de la noblesse et du clergé qui veulent que les députés, sans distinction d’ordre, délibèrent en commun et que l’on compte les votes par tête et, de l’autre côté, les privilégiés, appuyés par le roi qui désirent, suivant l’usage ancien, que les députés délibèrent par ordre et que l’on compte les votes par classe. Mais le tiers état l’emporte.
Dans les paroisses, c’est un peu la même chose qui se passe entre les paysans et les citadins plus ou moins bourgeois. Ainsi, à Guémené, les citadins revendiquent leur propre électeur, alors qu’à La Gacilly, la protestation est inverse. Déjà cette ville se distingue des autres communes environnantes par ses idées révolutionnaires, par son goût du changement et du progrès. En général, les électeurs ruraux contestent le résultat du scrutin trop favorable au candidat du chef-lieu, « ces vieux routiers exercés à la finesse et à la tromperie », peut-on lire dans une plainte des paroissiens du Temple et de Tréal, scrutin qui témoigne d’ailleurs de la rancœur et de l’animosité atavique des paysans « venus du fonds de leur campagne » et qui se sont faits duper « dans les lieux qui fourmillent de gens de judicature ».
Déjà en 1788, sitôt après les évènements dont Rennes fut le théâtre à la réunion des États provinciaux et après l’incendie de l’abbaye de Redon, un groupe se forme à La Gacilly et devient une patrouille patriotique. Ils sont suivis par Rochefort-en-Terre et par Carentoir qui avoue naïvement faire comme les autres. À Redon, on dit que ce sont des brigands. Ce qui frappe dans ces formations, c’est leur composition. À La Gacilly, la « patrouille » est en majorité composée des éléments qualifiés par certains de médiocres et commandée par Guillemin, connu sous le sobriquet de Cadet, étranger au pays. Ce furent elles qui, quelques mois plus tard, allaient incendier les châteaux et les maisons bourgeoises.
D’un autre côté, une partie de la bourgeoisie va rallier la révolution. Il s’agit d’hommes d’affaires, de petits bourgeois, de notables de l’ancien régime ou de personnalités imbues de leur personne, reniant la monarchie qui pourtant les avait « engraissés », qui changent d’opinion suivant les événements et qui deviendront les révolutionnaires les plus durs en retournant leur veste. Parmi ces révolutionnaires d’occasion se trouvent Le Clainche, avocat et sénéchal de Rochefort-en-Terre, Geslin, procureur-syndic du district de Rochefort, Séguin, ex-procureur du marquisat de la Bourdonnaye, le « meneur » de La Gacilly, Le Gall, procureur fiscal, Grinsart, le maire de La Gacilly et Jean-Marie Le Blanc, juge de paix de Carentoir, notaire et ancien procureur fiscal à La Gacilly. Né en 1761, ce dernier est nommé député du Tiers-État à l’assemblée de la sénéchaussée de Ploërmel le 7 avril 1789 sous le nom de Leblanc de L’Herminais.
Le 8 août 1788, Louis XVI convoque les États généraux pour le 1ᵉʳ mai 1789. La Bretagne étant un pays d’états, les députés aux États généraux devaient être élus d’après les usages anciens par les États de la province. C’est pourquoi les élections se firent dans le cadre des sénéchaussées de la province.
Toutes les paroisses et toutes les trêves furent invitées à présenter des cahiers de doléances. Dans la sénéchaussée de Ploërmel, 146 paroisses et 39 trêves prirent part à ces élections. Seulement 3 paroisses et 6 trêves, dont La Gacilly, ne répondirent pas à la convocation.
Au milieu du XVIIIᵉ siècle, l’étendue des landes était considérable surtout aux Fougerêts, à Ruffiac, à Sixt-sur-Aff et à Carentoir où il est même dit que la paroisse contient une « quantité prodigieuse de landes ». Pourtant, de nombreux défrichements sont effectués à cette époque, la plupart du temps réalisés par les paysans eux-mêmes, aux ressources pourtant limitées. Il existe aussi des terres en « labeur », mais, sur Carentoir et La Gacilly, les terres cultivées sont en fait des landes afféagées qui « malgré les sueurs et les travaux des cultivateurs ne produisent guère ». C’est surtout le seigle que l’on récolte. La lande est aussi le pacage ordinaire des bêtes à cornes et des moutons. L’industrie tourne autour de la toile et des tanneries .
Beaucoup de paysans « se débattent contre la misère et sont incapables de salarier un journalier ». Les uns comme les autres « ont peine à assurer leur subsistance toute l’année ». Cette situation est encore aggravée par la disette des grains, surtout depuis 1772, qui force les paysans « à voler et à piller les blatiers », car, en plus, la propriété paysanne est grevée de redevances et de droits seigneuriaux. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant de trouver, dans les cahiers de doléances, la réforme des États provinciaux, l’égalité devant l’impôt, la suppression des abus du régime seigneurial
Les assemblées de paroisse, pour rédiger leur cahier de doléances, se réunirent entre le 29 mars et le 6 avril 1789 dans la sénéchaussée de Ploërmel. En général, ces assemblées se tiennent dans la sacristie ou à la croix du cimetière et c’est très souvent qu’elles ne sont composées que des membres du général de la fabrique. À noter cependant qu’aux Fougerêts, Peillac et Glénac, les membres du général sont convoqués avec « les habitants roturiers de la paroisse ». Très souvent également faisaient partie de ces assemblées les hommes de loi, le clergé (Briend à la Chapelle-Gaceline), les artisans et ouvriers, mais surtout les paysans. Par contre, les femmes sont très peu représentées ; l’une d’entre elles signe le procès-verbal du cahier de Peillac. Différents titres furent donnés à ces cahiers. Celui de Carentoir fut intitulé : « Cahier de doléances, plaintes et remontrances » et celui de Saint-Nicolas-du-Tertre (alors Saint-Nicolas-sous-Ruffiac) fut appelé «Représentations et plaintes». Les habitants de Réminiac refusèrent de rédiger un cahier et déclarèrent adopter entièrement celui de Tréal.
Les assemblées avaient aussi pour mission d’élire des députés dont le rôle était de faire parvenir les cahiers de doléances à Ploërmel et de participer à l’élection des députés de la sénéchaussée aux États généraux. C’est ainsi qu’à Glénac, Julien-Alexis Joyaut, fermier général du comté de Rieux, est élu pour « aller faire à Ploërmel », alors qu’à Tréal, tous les députés élus sont des laboureurs qui « sont reconnaissants envers le roi d’entendre tous ses sujets sans distinction de rang et de fortune » et ils demandent à être admis, à l’avenir, à se faire représenter à toute assemblée nationale et que « nos représentants soient, au moins, en nombre égal à celui des ordres privilégiés ». Les paysans de Tréal, comme ceux de la Chapelle-Gaceline et des Fougerêts, souhaitent qu’aux États généraux, les voix soient comptées par tête pour la répartition des impôts et « toutes autres affaires qui seront proposées pour la réforme des abus, la prospérité générale du royaume et le bien des sujets ». Les plaintes, remontrances et griefs des électeurs se rapportèrent aussi bien au gouvernement du royaume (les finances, la justice, le clergé) qu’aux charges royales et seigneuriales (la corvée, les fouages, les devoirs), sans oublier l’assistance publique (la mendicité, les secours aux malades).
Toutes ces doléances allaient donner lieu à la rédaction d’un cahier général du tiers état de la sénéchaussée de Ploërmel par quinze commissaires élus pour faire ce travail, dont un Duval de Renac. Ce cahier comprend 88 articles dont le dernier émet un vœu : « que les comptes à rendre soient désormais publiés par la voie de l’impression pour l’instruction des villes et spécialement des campagnes. »
Aujourd’hui, cinquième avril mil sept cent quatre-vingt-neuf, l’assemblée convoquée au son de la cloche en la manière accoutumée ont comparu au lieu ordinaire des délibérations de la paroisse de Glénac, évêché de Vannes, par devant nous:
Pierre Marie Cyprien de la Vallière, avocat sénéchal et seul juge du marquisat de Sourdéac, noble homme Julien Alexis Joyaut, fermier général du comté de Rieux, noble homme Joseph Poitou, Léon Guillet , Pierre Chevalier, Jean Danet ,Joseph Morice, Mathurin Marchand, Léonard Royer, Yves Morice, René Gombaud, Guillaume Busson, Mathurin Cancouet, Joseph Méaude , autre Pierre Chevalier, Jean Glouche, Mathurin Boudard, François Lainé, René Guillemain , René Picard, Guillaume Gautier, Pierre Chesnais, Joseph Pistiaud, Mathurin Pilgean, Pierre Pilgean, Joseph Gautier, François Marchand, Pierre Boudard, René Pecé, François Méaude, Julien Boudard, Michel Lainé, Jean Méaude, Joseph Ettoré, Pierre Pèlerin, Joseph Pilgent ,Guillaume Chevalier , François Etoré, Jean Gautier, Pierre Gautier, Julien Jagu, Jean Thomas, Pierre Jagu, Michel Macé, Jacques Marchand, Pierre Marot, autre Jacques Marchand, Julien Colin, Mathurin Denys, tous nés François âgés de vingt-cinq ans ,habitants et compris dans les rôles des impositions de celle paroisse composés d’environ deux cents feux, lesquels pour obéir aux ordres de sa majesté portés par ses lettres donnée à Versailles le 24 Janvier 1789 , pour la convocation et tenue des états généraux de ce royaume et satisfaire aux dispositions du règlement y annexé ainsi qu’à l’ordonnance de Monsieur le Sénéchal de Ploërmel du 23 mars dernier dont ils ont déclaré avoir une parfaite connaissance tant par la lecture qui vient de leur en être faite ,que par la lecture et publication cy devant faite au prône de la messe de la paroisse par Mr le Recteur d’y celle le dimanche 29 mars dernier et par la lecture ,publication et affiche pareillement faite le même jour à l’issue de la dite messe de paroisse au-devant de la porte principale de l’église ,nous ont déclaré qu’ils allaient d’abord s’occuper de la rédaction de leur cahier de doléances, plaintes, et remontrances et, en effet, y ayant vacqué, ils nous ont représenté le dit cahier qui a été signé par ceux des dits habitants qui savent signer et par nous après l’avoir cotté par première et dernière pages et paraphé en variatur au bas d’y celle
Et lesdits habitants, après avoir mûrement délibérés sur le choix des députés qu’ils sont tenus de nommer en conformité des dites lettres du Roi et du règlement y annexé, les voix ayant été par nous recueillis à la manière accoutumée . L’unanimité des suffrages s’étant réunie en faveur des sieurs Joyaut, fermier général du comté de Rieux, et Pierre Chevalier, syndic de la paroisse, demeurant au village de la Pichardais, qui ont accepté ladite commission et promis de s’en acquitter fidèlement
Et de leur part, lesdits députés se sont présentement chargés du cahier des doléances de ladite paroisse, ont promis de le porter à ladite assemblée et de se conformer à tout ce qui est prescrit, ordonné par lesdites lettres du Roi ,règlement y annexé et ordonnance susdatée . Desquelles nominations de députés, remise de cahier, pouvoir et déclaration nous avons à tous les susdits comparus donné acte et avons signé avec ceux des dits habitants qui savent signer et avec les dits députés notre présent procès-verbal, ainsi que le duplicata que nous avons présentement remis aux dits députés pour constater leur pouvoir, et le présent sera déposé aux archives de cette paroisse ledit jour cinq avril mil sept cent quatre-vingt-neuf.
Copyright © 2024 · Tous droits réservés · Glénac.com