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Le [4] foin est une récolte usuelle sur le site des marais. Il servait de litières et de fourrage aux bêtes. Au 19e siècle, une « hommée » correspondait à l'étendue de foin qu'un homme pouvait abattre dans sa journée sur le marais.
De la fin mai jusqu'à la Saint-Jean, c'était le temps de la fenaison. Pendant beaucoup de siècles, ce travail fut fait à la faux. Faire des meules de foin, le charger à la fourche, faire courir le petit râteau de bois ; ce dernier travail était fait parfois par des enfants. Le plus à plaindre était celui qui était sur la charrette quand les bœufs étaient attaqués par les mouches.
Une odeur de foin coupé couvre toute la campagne qui vous informe, comme un journal local, où il est coupé.
Dans [5] de nombreux entretiens, transparaît la grande difficulté d'exploiter le foin, liée aux caprices de la marée et aux aléas climatiques. Pour accéder au marais, il fallait attendre la date du 24 juin. Souvent, vers le 20-25 juillet, il y avait une marée importante, il fallait donc que le foin soit sorti avant. Il arrivait que le foin, avant qu'il ne soit coupé, soit noyé par la marée. Il fallait attendre qu'il sèche pour le couper. Des fois, les mulons de foin se trouvaient noyés.
Autrefois, tout était fauché à la main en un mois environ. Il y avait une activité incroyable. C'était un beau spectacle. Le foin était coupé de bonne heure le matin à la faux. Le faucheur coupait, en le mettant en andain.
Vers 10 heures (au soleil), on commençait à faner le foin. Enfin d'après-midi, suivant la température, le foin était mis en hardins
pour pouvoir le refaner le lendemain. Ensuite, on le mettait en « boudins » au moyen d’un râteau, et parfois en meule ou meulon (veilloche), petit tas de foin, si le temps était à la pluie
Les gens qui fauchaient se rendaient service. Quand c'était fini chez l'un, on allait chez l'autre. Pour sortir le foin, on emmenait une charretée de fagots que l'on mettait dans la douve pour pouvoir passer. On était aussi quelquefois obligé de sortir le foin vert pour le mettre dans des endroits plus hauts pour qu'il sèche. Ce sont les bonshommes qui coupaient le foin. Ils partaient de bonne heure le matin, on leur portait la soupe pour 8 h, ils continuaient jusqu'à midi ; ils refaisaient la pause et ils reprenaient après. Tout le foin était fait à la main, des fois, ici, on était 15-20, on tournait tout à la main. Pour aller faire le foin au marais, on s'habillait propre, les femmes mettaient une blouse, fallait être propre si on rencontrait du monde. On amenait le casse-croûte, on ne revenait pas manger. On cuisait des œufs, on emmenait des galettes avec du lait dans une soupière. C'était tout préparé. Les galettes sèches, on les mangeait avec du beurre et de la confiture et un coup de cidre. On commençait à 5 h le matin jusqu'à 10 h le soir pour faire le foin. Les faucheurs n’avaient parfois pas plus de 14 ans. Toute une journée en plein soleil. Il était fané à la main et rentré avec des bœufs et des chevaux. En un mois, tout le foin était coupé à la faux, y'avait du monde dans le marais, maintenant, il n’ y'a plus personne.
Parfois, de vastes secteurs ne sont pas coupés en raison de la présence de l'eau. Les parties basses ne sont jamais fauchées. Le réseau de chemins est quasiment inexistant et peu praticable, d'où la nécessité de faire de grands détours ou d'avoir recours à l'utilisation de fagots pour permettre le passage des charrettes. On ne coupait pas dans les endroits mouillés, mais on mettait quand même les bêtes à pâturer. On faisait de la litière, c'était parfois dur de la sortir du marais, c'était vraiment très marécageux. Dans le marais ici, on ne fait que de la litière. Il y a de la tonnelle (prêle). Les vaches mangeaient bien sûr. On en donnait aux vaches qui avaient la diarrhée. Le meilleur foin était gardé pour les chevaux, les vaches avaient le reste. Les alluvions servaient d’engrais, maintenant, il faut apporter de l'engrais. Au départ, il y avait une couche de couenne, des racines, de l'humus. Ça a mis du temps à pourrir, mais depuis quelques années l'humus est consommé.
Le foin coupé et enlevé, les animaux sont conduits au marais. Sur les prés de la Vilaine et de l'Oust, ils peuvent théoriquement rester jusqu'au 25 mars de l'année suivante, date à laquelle toutes les bêtes sont retirées du marais pour laisser pousser le foin. En fait, le temps passé au marais par les animaux est très variable, en fonction de la durée des inondations. Il est de deux à trois mois sur l'Isac et l'Arz, à plus de sept mois sur la Vilaine. Cette différence s'explique par le fait que la submersion des Marais de Vilaine est dépendante de la marée. Elle est peu importante et ne dure que quelques jours. L'eau s'évacue rapidement. En revanche, sur l’Oust, comme sur l'Arz et l'Isac, la période de crue est très longue. Elle peut durer plus de six mois.
Le libre pâturage est la règle, excepté sur l'Arz et l'Isac, où chacun garde ses animaux sur ses propres parcelles. Il consiste à lâcher les troupeaux ensemble en totale liberté et sans gardiennage.
Depuis que le foin est coupé jusqu'à la garde du marais, on mettait les vaches en pagaille. En hiver, s'il faisait froid, et qu'il y avait une marée, on ne mettait pas les vaches. Même s'il y avait un peu d'eau, on mettait les vaches au marais. Tout le monde s'en revenait le soir, on allait les chercher à la sortie du marais".
On mettait les vaches quand le foin était coupé. Jusqu'à ce que l'eau monte. S’il n’y avait pas d'eau dans l'hiver, on mettait les vaches. C'était des petites gorgerettes, des petites Bretonnes, il n’y'avait pas de Nantaises ici. Les chevaux allaient au marais en liberté tous les dimanches matin. Le soir, ils venaient les chercher, ils montaient dessus et hop....
Si, en principe, il faut être propriétaire de marais pour avoir le droit d'y mettre des animaux, dans les faits, aucun contrôle n'est assuré. "Tout le monde pouvait mettre ses bêtes au marais sans limite de nombre"
Sources
1)°Annales de l’A.P.P.H
2) Rbio-mag.fr/
3) Le Nouvelliste du Morbihan 1923 mars 15 4)
Histoire des Marais
5) La plupart des textes qui vont suivre sont des extraits de conversations
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