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Flore : Plantes Exotiques des Marais

 

Les Plantes Exotiques Envahissantes

 

La Jussie

Si vous vous êtes déjà promené dans les Marais de Redon et des environs à la belle saison, vous avez sans doute remarqué la présence d'une belle fleur jaune qui pousse à la surface de l'eau et sur les terrains humides. Cette plante, c'est la Jussie, une plante exotique, aquatique et très envahissante. En réalité, il existe deux espèces de Jussie, Ludwigia peploïdes et Ludwigia grandiflora (L. uruguayensis) qui se différencient par la pilosité des feuilles (L. peploïdes n'a pas de poil). Toutefois, il est assez difficile de voir la différence.

Jussie au stade Rosette

RosetteOriginaire d'Amérique du Sud, la Jussie a gagné les côtes françaises, il y a maintenant un peu plus d'un siècle, en commençant par le sud de la France et plus précisément Montpellier, puis en remontant le long de la façade atlantique. Arrivée dans les Marais de Redon et de Vilaine dans les années 90, elle a colonisé la plupart des affluents de la Vilaine et les zones humides qui leur sont associées. Bien qu'elle soit avant tout aquatique, il lui arrive de s'installer sur les prairies humides et de développer une forme terrestre, en général plus petite.

Cette plante a besoin de lumière et se développe dans des eaux avec peu ou pas de courant ; elle est d’une grande adaptabilité vis-à-vis des nutriments et du substrat. Elle présente des feuilles alternes avec des nervures bien visibles, atténuées en pétiole. Arrondies en début de développement, elles s’allongent ensuite. Elle fournit une grosse fleur à cinq pétales.

Grâce à son mode de reproduction par bouturage et à ses grandes capacités d'adaptation aux conditions du milieu, la jussie a rapidement recouvert de grands territoires, générant d'importantes nuisances vis-à-vis du milieu, mais aussi des activités humaines. En se développant, la jussie peut former de grands herbiers très denses, constitués d'un enchevêtrement de tiges pouvant atteindre 6m de long et de racines pouvant aller jusqu'à 3m de profondeur et à près d'un mètre au-dessus de la surface de l'eau. L'implantation de tels herbiers modifie donc considérablement les sites :

Accentuation du phénomène de comblement :

Les répercutions sont aussi visibles sur la faune, surtout piscicole. Le maillage serré des tiges empêche la libre circulation des poissons qui préfèrent donc quitter les sites trop envahis.

Quant aux usages, ils sont également très perturbés. Certains herbiers peuvent atteindre de grandes tailles et recouvrir la presque totalité d'un cours d'eau. Dans ce cas, la navigation devient impossible, les hélices et les rames se prenant dans les plantes. Il en est de même pour la pratique de la pêche et de la chasse. Bien que la jussie soit présente sur l'ensemble des Marais de Redon et de Vilaine, plusieurs secteurs sont beaucoup plus touchés que d'autres, avec un degré d'envahissement presque total pour certains endroits. On peut alors observer d'immenses tapis vert et jaune, sous lesquels, on a d'ailleurs parfois du mal à distinguer l'eau. Le Mortier de Glénac, entre autres, fait partie de ces sites.

La reproduction végétative favorise grandement cette colonisation, puisqu'il suffit d’un petit morceau de tige avec un nœud et des racines adventives pour donner naissance à un nouvel individu. La bouture s'accroche au niveau des berges et commence à se développer à la surface de l'eau sous forme de petites rosettes, puis la plante pousse verticalement et s'enracine sur le fond. Les feuilles se modifient et commencent à s'allonger. Bien que la plante puisse se reproduire par graine dans certaines régions et dans certaines conditions, le bouturage reste le principal moyen pour la jussie d'envahir de grands espaces.

Devant l'ampleur de la prolifération de cette plante, des travaux d'arrachage ont été mis en place par les organismes gestionnaires des cours d'eau et des marais attenants. Ces interventions manuelles et mécaniques ont permis d'améliorer la situation sur plusieurs affluents de la Vilaine ou tout au moins de stabiliser le processus de colonisation. L'arrachage peut se faire de différentes manières. Lorsqu'il est mécanique, pour les grandes surfaces, on utilise des bateaux équipés d'une fourche à l'avant, des pelleteuses avec un godet ou une griffe. Par contre, pour les petits herbiers ou en finition des grands travaux, on a plutôt recours à l'arrachage manuel qui est plus précis. C'est la combinaison de ces différentes techniques, associée à la continuité des interventions d'une année sur l'autre, qui peuvent permettre d'obtenir certains résultats.

Jussie

La jussie n'est pas la seule plante envahissante à fréquenter les Marais de Redon et de Vilaine. Bien que moins présentes et moins visibles, deux autres plantes exotiques aquatiques colonisent elles-aussi les rivières, les douves et les plans d'eau : le Myriophylle du Brésil (Myriophyllum aquaticum) et l'Elodée dense (Egeria densa) qui viennent également d'Amérique du Sud.

Le Myriophylle du Brésil, plante qui se reproduit aussi par bouturage, reste localisé dans le bassin de l'Arz où il occupe préférentiellement le réseau secondaire, comblant peu à peu les fossés. Cette plante, comme d'ailleurs la jussie et l’élodée dense, s'installe dans les secteurs calmes où il y a peu de courant, voire pas du tout, afin de permettre l'implantation des boutures. Ayant un comportement semblable à celui de la jussie, il génère les mêmes perturbations.

Quant à l’élodée dense, elle colonise l'ensemble des Marais de Redon et de Vilaine, sur les mêmes sites que la jussie, avec laquelle elle est plus ou moins en compétition. Contrairement aux deux autres plantes qui ont une partie émergée, l'élodée dense ne pousse que sous la surface, hormis ses petites fleurs blanches qui pointent leur tige hors de l'eau au moment de leur floraison. De ce fait, quand elle se mélange à la jussie, on ne la voit pas toujours.

 

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