Photo panoramique Santé - Histoire de Glénac

La Paroisse - Histoire de de Glénac

 

I. Introduction générale

  1. Avant d'entamer ce qui concerne chaque paroisse en particulier, je crois devoir faire quelques observations générales sur ce qui est commun à tous les bénéfices de ce genre. Et d'abord, il faut remarquer que, en dehors du point de vue spirituel et exclusivement religieux, chaque paroisse constituait un établissement légal et régulier, pour l'administration du côté matériel du culte et même des intérêts généraux des membres dont se composait cet établissement.
  2. Personne n'ignore qu'avant la Révolution, la distinction, pour les campagnes surtout, entre la paroisse et la commune n'existait point encore. Avant cette époque, la paroisse était tout, et les communautés de ville, bien postérieures aux paroisses, ne se rencontraient que dans les grands centres de population ou dans quelques cités privilégiées.

II. Organisation de la paroisse

  • L'établissement en question avait son personnel distinct du clergé et des attributions différentes de la juridiction ecclésiastique. Ce personnel, représentant de toute la famille paroissiale, portait le nom de Corps politique ou de Général de la paroisse et se composait toujours de 17 membres : le sénéchal et le procureur du roi ou fiscal de la juridiction d'où relevait immédiatement la paroisse, le recteur ou le vicaire perpétuel, douze anciens trésoriers dont les comptes avaient été rendus et soldés, enfin les deux trésoriers en exercice. Le sénéchal, le procureur et le recteur étaient membres de droit.
  • Des autres, les douze premiers, nommés délibérants, devaient être élus tous les ans à la pluralité des voix par le Général et suivant l'ordre de leur charge parmi les anciens trésoriers qui avaient rendu et soldé leurs comptes ; les deux derniers, comme les précédents, étaient élus par le Général et pour un an. Ceux-ci portaient les noms de trésoriers en charge ou en exercice, de fabriques, de marguilliers ou de marguilliers comptables ; cette dénomination de marguilliers leur vint du catalogue des pauvres secourus par les aumônes de la paroisse, catalogue appelé matricula tenu à l'origine par des clercs auxquels succédèrent ces laïques sous le nom de matriculari.
  • On les appelait marguilliers comptables parce qu'ils devaient rendre compte de leur administration après une année d'exercice, et pour les distinguer des marguilliers d'honneur, qui étaient des magistrats ou autres personnes constituées en dignité, auxquels on était dans l'usage de déférer ces titres et qui accordaient leur protection à l'établissement.

 

III. Fonctionnement de l’assemblée du Général

  • Pour traiter des affaires temporelles de la paroisse, ce général se réunissait en assemblée à la réquisition des trésoriers en charge. Sur leur demande, la convocation s'en faisait huit jours auparavant, par le recteur ou le curé, au prône de la grand-messe, avec l'indication des sujets sur lesquels on devait délibérer. Sauf un légitime empêchement, dont mention devait être faite sur le registre, chaque absence des délibérants à ces assemblées était frappée d'une amende de 10 livres, au profit de la fabrique. Cette pénalité trouvait sa raison d'être dans la nullité de toute résolution prise en l'absence d'un seul d'entre eux. Dans ce cas, le nombre de douze devait être suppléé par d'autres trésoriers qui avaient rendu leurs comptes. Trouvés sur les lieux et invités à se rendre à l'assemblée pour remplacer les absents, ceux-ci ne pouvaient s'y refuser, sous peine d'une amende de 10 livres, également au profit de la fabrique, que dans le cas où ils étaient intéressés à la délibération.
  • Comme nous l'apprennent les anciens registres de délibération, l'assemblée du Général se tenait dans le cimetière ou sous le porche de l'église paroissiale. Mais, on le comprend, ce lieu de réunion devait souvent laisser à désirer. Aussi, dès le XVIIᵉ siècle au moins, des arrêts de la cour du Parlement vinrent-ils sur ce point modifier l'ancien usage et fixer un local plus convenable. Conformément à ces arrêts, le lieu ordinaire de cette assemblée fut, dans la suite, la sacristie ou une chambre pratiquée au-dessus, avec défense expresse, et sous peine de nullité des délibérations, de se réunir ailleurs, comme chez le recteur ou chez un des trésoriers.
  • Cette assemblée du Général était présidée par le sénéchal ou, en son absence, par le plus ancien des délibérants. Le recteur y occupait la première place après celle du président ; le bureau des deux trésoriers en charge devait se trouver en face du siège de la présidence. Ces derniers proposaient les questions à traiter, et la discussion était close par le vote. Le président, qui émettait en dernier son avis, recueillait les suffrages en commençant par les derniers délibérants et en finissant par le recteur qui avait cependant le privilège de signer la délibération le premier. Je n'oserais néanmoins pas affirmer que tous les membres présents eussent voix délibérative, surtout en ce qui concerne le procureur du roi ou procureur fiscal ; mais j'ai remarqué que les deux trésoriers en exercice ne formaient entre eux qu'une seule voix.
  • Ces délibérations devaient être inscrites sur un registre spécial, chiffré et millésimé gratis par le sénéchal du lieu, et précédées des noms de tous les assistants, qu'ils sussent ou non signer. Elles étaient ensuite signées, sur le champ, par tous ceux qui savaient le faire et par des prud'hommes, le plus souvent des ecclésiastiques, à la requête de ceux qui ne le savaient ou ne le pouvaient faire. Le registre était alors enfermé dans le coffre des archives fermant à trois clefs, dont l'une était confiée au recteur, l'autre au procureur fiscal, et la troisième aux deux trésoriers en charge.

 

IV. Attributions du Général

Le Général avait à s'occuper du gouvernement intérieur et du gouvernement extérieur du temporel de la paroisse.

A. Gouvernement intérieur
  • Le premier regardait l'administration des biens qui appartenaient à la fabrique, l'acquit des charges qui la concernaient, et la nomination et la surveillance des officiers ou serviteurs de l'église. Ces biens de la fabrique comprenaient, outre les immeubles, des droits, des fondations, des confréries, les bancs, les chapelles, les tombes, les deniers de l'église. Les charges embrassaient les réparations de l'église et du cimetière, les ornements, les livres, les vases sacrés, le luminaire, les décimes, les honoraires du prédicateur, s'il y avait lieu, et les gages des employés. Parler en détail de chacune de ces choses serait me laisser entrainer beaucoup trop loin ; mais je dois ajouter que les trésoriers en exercice, responsables des deniers de la fabrique dont ils avaient le maniement, étaient tenus, sous peine d'une amende de 6 livres au profit de l'église, de rendre leurs comptes à leur sortie de charge.
  • À cet effet, ils devaient présenter à l'évêque ou à l'archidiacre, en cours de visite dans la paroisse, un registre comprenant les recettes et les dépenses de leur année d'exercice, avec liasses à l'appui. Aussi, cette visite devait-elle être annoncée au moins quinze jours auparavant afin de donner aux trésoriers le temps de préparer leurs comptes. Et lorsque ceux-ci étaient présentés à la visite, il était enjoint aux officiers de justice, au recteur et aux douze délibérants d'assister à l'examen qu'en faisait personnellement l'évêque ou l'archidiacre.
  • Au cas où il n'y avait pas de visite dans le cours de l'année, ces comptes étaient examinés par le recteur, en présence des susdits officiers et des douze délibérants, ou des commissaires nommés par le Général, qui alors les recevaient avec la liasse au soutien et le reliquat, et les enfermaient dans le coffre à trois clefs, d'où ils étaient tirés pour être représentés à la première visite et définitivement arrêtés. Sur la réquisition du ministère public ou des trésoriers en charge, les anciens marguilliers qui refusaient de rendre leurs comptes ou de remettre le reliquat ou qui avaient malversé dans leur gestion, étaient traduits devant les tribunaux et sévèrement jugés.
B. Gouvernement extérieur
  • Le gouvernement extérieur du Général ne concernait point la fabrique, mais les charges et les droits particuliers des paroissiens, tels que les levées des fouages et de deniers, la collecte du vingtième et de la capitation, la réédification de l'église, les réparations de la nef et du cimetière, lorsque les fabriques n'avaient pas de deniers ; celles du presbytère, lorsque le recteur était insolvable ; celles des ponts, des chaussées, chemins ; les pavages, les levées de milice, le soulagement des pauvres de la paroisse, l'entretien des écoles. Voilà pour les charges.
  • Les droits étaient ceux qu'avaient les habitants sur les communs et les bois, sur le goémon et sur les pêcheries. Lorsqu'elles furent établies, les communautés de ville vinrent partager ces attributions avec le Général et le décharger, pour le territoire qui relevait d'elles, de ce qui concernait les chemins, les ponts, les chaussées, les levées de milice, les écoles et ordinairement tous les droits particuliers des paroissiens. Je me bornerai à ne parler que des fouages et des levées de deniers.

 

V. Offrandes et Droits et les levées de deniers

 

A. Les fouages
  • Les fouages (de focus, foyer) étaient à l'origine une imposition atteignant chaque feu ou chaque maison. Cette taxe découlait, comme conséquence naturelle, du droit d'affouage (ad forum, destiné au feu), par lequel le prince avait accordé aux habitants la faculté de prendre leur bois de chauffage dans ses forêts et sur ses terres. Dans la suite, cette charge, tout en conservant son nom, vit modifier son objet ; au lieu de frapper les feux, elle se porta sur les héritages roturiers, comme nous le verrons plus bas. L'imposition des fouages comprenait quatre opérations : le mandement, l’égail, la confection du rôle et la collecte.
  • Il y avait deux sortes de mandements, le général et le particulier. Le mandement général adressé, deux mois avant l'échéance du premier terme des paiements, par les généraux des finances ou par le receveur général, aux receveurs des fouages du diocèse, contenait, par articles séparés, chaque droit dont la levée devait être faite et le nombre des feux du diocèse.
  • Le mandement particulier pour chaque paroisse contenait le nombre des feux dont elle se composait et le total des impositions qu'elle avait à fournir. Les receveurs des diocèses, qui le recevaient avec le mandement général, n'avaient qu'une quinzaine pour le faire parvenir aux trésoriers en charge, dont ils devaient tirer un récépissé portant, au bas du double du mandement conservé par eux, la date de la remise qui fixait le point de départ des six semaines accordées pour faire la collecte.
  • À l'issue de la grand’messe, le dimanche qui suivait immédiatement cette réception, les trésoriers faisaient publier le mandement, et le Général devait se réunir ce même jour ou le dimanche suivant pour nommer des égailleurs.
  • L'égail était, de la somme totale portée au mandement, la répartition sur chaque contribuable, à proportion des terres roturières qu'il possédait dans la paroisse. Ceux que le Général choisissait, parmi les habitants de la paroisse, pour faire cette répartition se nommaient égailleurs et devaient, à cet effet, se réunir au jour marqué dans le lieu des délibérations du corps politique. Pour les guider dans la confection du rôle qu'ils avaient à dresser, les trésoriers leur remettaient le mandement et une copie des rôles des deux années précédentes. Ce rôle était l'état de ce que chaque paroissien devait payer. II était établi en présence du sénéchal et du procureur fiscal et signé par les égailleurs. Une expédition en était déposée, avec le mandement, dans les archives de la paroisse.
  • La collecte était l'opération du recouvrement des articles du rôle ; ceux qui se chargeaient de faire ce recouvrement portaient le nom de collecteurs. Après la confection du rôle, les trésoriers faisaient publier, à l'issue de la grand’messe, la collecte à qui pour le moins voudrait la faire. L'adjudication par le Général ne s'en concédait qu'à des gens solvables et qu'à un prix qui ne pouvait excéder 18 deniers par livre.
  • Les adjudicataires faisaient, à leur tour, publier le rôle à l'issue de la grand-messe, avec l'indication du local choisi par eux pour y faire leur recette. C'était à ce bureau que les contribuables devaient porter le montant de leur imposition.
  • Dans les paroisses d'une grande étendue, les généraux pouvaient nommer des collecteurs particuliers pour chaque frairie. La somme portée au mandement particulier était versée par les collecteurs entre les mains des receveurs des fouages du diocèse, qui leur en délivraient quittance. Cette quittance et le rôle étaient par eux remis, avant le 1er janvier, au Général qui, lui aussi, leur donnait du tout une reconnaissance sans frais.
B. Levée de deniers
  • Une levée de deniers était une taxe imposée sur les habitants propriétaires de biens dans la paroisse, pour subvenir à des nécessités pressantes, telles que la réédification de l'église ou du presbytère, la réparation de la nef, le paiement des frais d'un procès perdu par le Général, etc., lorsque la fabrique manquait de fonds pour y faire face. Pour décréter une pareille levée, le Général avait besoin de l'autorisation royale ; cependant la permission de la cour du Parlement suffisait si la somme à lever ne dépassait pas 600 livres. Cette autorisation exigeait plusieurs formalités. À sa requête, le Général devait joindre une délibération régulière, exprimant la cause de la levée de deniers et les raisons qui la nécessitaient.
  • S'il s'agissait de la réédification ou des réparations de l'église ou du presbytère, il devait, en outre, rapporter des procès-verbaux de visite, des devis et des estimations, dressés par les juges des lieux sur le dire d'experts assermentés et en présence du recteur, des trésoriers, des députés du Général et même du syndic de la communauté de ville, s'il y en avait. Lorsque l'autorisation avait été obtenue, le Général établissait, comme pour les fouages, des égailleurs pour dresser le rôle et ensuite des collecteurs pour faire le recouvrement.
  • Cette levée frappait indistinctement les terres nobles et les terres roturières, excepté lorsqu'il s'agissait de payer les frais d'un procès de fouages, perdu par le Général ; dans ce cas, les biens roturiers seuls étaient contribuables, et l'égail se faisait sur le rôle des fouages, tandis que, dans les autres cas, la répartition se faisait sur le dernier rôle du vingtième. Le produit de la collecte était versé entre les mains des trésoriers qui la portaient en recette et en devaient rendre compte.

 

VI. Limites et sources

  • Toutes ces notices sont fort incomplètes et demanderaient de plus longs développements, mais comme il n'est pas possible de faire ici un cours sur la matière, j'ai dû me borner aux questions principales. J'aurais voulu remonter plus haut et rechercher l'économie du gouvernement temporel de nos paroisses à l'époque où la Bretagne jouissait de sa vie propre. Les documents ne me l'ont point permis. Je dois cependant dire que les notions consignées dans cet article sont extraites exclusivement d'arrêts et de règlements spéciaux à la province et reproduisent, assurément et en grande partie, les dispositions d'une législation plus ancienne.

 

VII. Transition : Communauté de prêtres

  • La première partie de ce travail ne nous a montré dans nos paroisses que des recteurs et des curés ; les recteurs titulaires de ces bénéfices en percevaient les fruits en tout ou en partie, suivant qu'ils étaient gros décimateurs ou simplement portionnaires ; les curés, choisis, en nombre nécessaire, par les recteurs et rétribués par eux ou par les gros décimateurs.
  • Ces personnages, pouvant être appelés officiels, étaient loin de suffire pour les besoins du ministère, surtout pour la desserte des fondations devenues nombreuses dans la plupart des paroisses. Aussi trouvons-nous généralement à côté d'eux, outre des chapelains et des prieurs, une sorte d'établissement particulier dont je crois utile de dire quelques mots ; c'étaient les Communautés de Prêtres. On appelait ainsi une association composée d'un nombre déterminé de prêtres. Quand je dis association, il ne faut pas entendre par là une réunion d'ecclésiastiques menant une vie commune, mais seulement une société qui avait des intérêts matériels et des charges auxquelles participaient exclusivement les membres.
  • Par ce nombre déterminé de prêtres, il ne faut pas non plus comprendre qu'il fût le même pour toutes les paroisses, mais uniquement qu'il était fixé pour chaque paroisse, plus considérable là où il y avait plus de ressources et plus de fondations, moindre dans les autres lieux. L'institution de ces communautés eut pour principale cause les nombreuses fondations de messes, de services, d'obits, de prières, etc., faites dans toutes les églises.
  • Autrefois, en effet, les fidèles qui étaient favorisés de la fortune ou n'avaient point d'héritiers immédiats aimaient, confiants dans la stabilité des établissements qui avaient la religion pour base, s'assurer, de leur vivant, des suffrages après leur mort. Pour obtenir, à perpétuité et à partir de leur décès, quelques messes par semaine, par mois ou par an, quelques services ou autres prières, ils donnaient aux églises tantôt des immeubles, tantôt des sommes qui d'ordinaire servaient à former des constituts, tantôt aussi des rentes sur des immeubles.
  • Avec les siècles, ces fondations devinrent si nombreuses que les recteurs avec leurs seuls curés se trouvèrent insuffisants pour les desservir. Le plus souvent, il ne manquait pas de prêtres dans chaque paroisse pour y suppléer ; mais ces ecclésiastiques, libres de se déplacer et aspirant à des positions stables, pouvaient faire défaut. Pour les attacher à la paroisse, il fallait autre chose que ces conditions précaires. On obvia à ces inconvénients par l'établissement des susdites communautés. Une fois constituées, elles eurent une existence légale et devinrent aptes à posséder, acquérir et aliéner. Les produits des biens formant leurs dotations étaient mis en commun et ensuite distribués entre les membres qui en faisaient partie.
  • À l'origine, le nombre de ces membres se fixa sur les obligations à remplir et sur la position qui pouvait leur être faite. Ordinairement, c'était des prêtres originaires de la paroisse, et presque partout ce privilège leur était attribué. Cette condition seule ne suffisait cependant point. Les membres des communautés de prêtres étaient nommés tantôt par les communautés de ville, tantôt par des corporations particulières.
  • Ainsi, à Pontivy et à Saint-Gilles Hennebont, la ville donnait les places vacantes de ces communautés, tandis qu'à Saint-Patern et à Saint-Michel, de Vannes, ces places étaient, pour la première de ces paroisses, à la nomination de l'abbé de la confrérie de Notre-Dame de la Chandeleur, et, pour la seconde, au choix de l'abbé de la confrérie des Trépassés desservie dans la chapelle de Saint-Michel, et plus tard dans celle des Lices. Ce droit était une conséquence et une réserve des fondations de ces communautés.
  • Dans la suite, les fondateurs accordèrent la présentation aux recteurs ou aux vicaires perpétuels, comme c'était naturel, mais ils ne se dessaisirent jamais de la nomination.

 

VIII-Les Offrandes et Droits Paroissiaux

  • A. La Prémice : Obligation Progressive au Profit du Clergé
    • Initialement volontaire, l'offrande de la prémice devint obligatoire pour les chefs spirituels des paroisses.
    • Distinction entre deux types :
      • Prémice personnelle : Quelques gerbes ou brassées de blé perçues par les recteurs sur chaque laboureur.
          • Généralement présente dans les bénéfices où les titulaires, privés des dîmes, avaient des revenus insuffisants (portions congrues et casuel).  Suppression progressive au milieu du XVIIIe siècle avec l'augmentation des portions congrues.
      • Prémice réelle : Portion de grains ou redevance en argent payée par chaque étager possédant un journal de terre franc de dîmes (outre son jardin).
          • Considérée comme un abonnement de la dîme.
          • N'avait pas cours dans le diocèse de Vannes.
          • Due uniquement lorsque le journal de terre portait des fruits décimables, suivant la condition de la dîme.

           

  • B. Le Droit de Neûmes (dit Potier de la Germondaye) : Revenu de Succession pour les Recteurs Démunis o Droit perçu par les recteurs
    • Droit perçu par les recteurs sans dîmes ni autres revenus sur les successions mobilières de leurs paroissiens pour leur subsistance.
    • Applicable dans les paroisses sans dîmes, où les recteurs ne bénéficiaient pas de portion congrue.
    • Fixé en 1559 à la neuvième partie du tiers des biens de la communauté du défunt (après paiement des obsèques, funérailles et un tiers des dettes).
    • Exemption pour les biens meubles inférieurs à 40 livres monnaie (1559) et pour les nobles protestataires (1575).
    • Suppression progressive et remplacement par une dîme à quotité déterminée (exemple du recteur de Carentoir en 1751 : dîme à la 50e gerbe sur toutes les terres .
  • C. Les Oblations : Dons Volontaires des Fidèles
    • Dons volontaires déposés sur les autels ou dans les troncs des églises et chapelles.
    • Attribution de droit commun aux recteurs pour celles faites au maître-autel de l'église paroissiale.
    • Partage des autres oblations (un tiers pour le recteur, deux tiers pour la fabrique) selon plusieurs arrêts et l'usage général du diocèse.
    • Extension du droit du recteur aux chapelles de l'église paroissiale et à celles relevant de lui dans la paroisse, mais pas aux chapelles domestiques.
    • Perception de la moitié des offrandes faites lors des quatre fêtes solennelles et de celle du patron par les recteurs primitifs célébrant dans l'église paroissiale.

 

IV- Organisation Ecclésiastique dans la Province de Bretagne et le Diocèse de Vannes

  • A. Formation du Département du Morbihan à Partir des Diocèses Bretons
    • Cinq diocèses de la province de Bretagne (anciennement sous l'archevêché de Tours) ont contribué à la formation du département du Morbihan : Vannes, Cornouaille, Saint-Brieuc, Saint-Malo et Nantes.
    • Le diocèse de Vannes a également cédé des paroisses aux départements du Finistère, des Côtes-du-Nord et d'Ille-et-Vilaine.
  • B. Divisions et Subdivisions Ecclésiastiques : Un Système Non Uniforme
    • L'organisation ecclésiastique générale comprend des divisions en archidiaconés, archiprêtrés, doyennés et paroisses.
    • Ce système n'était pas appliqué uniformément dans toute la Bretagne, comme le prouvent les pouillés
  • C. Origine Géographique des Divisions : Limites Naturelles
    • À l'origine, les limites naturelles (forêts, cours d'eau) ont été observées pour ces divisions
  • D. La Paroisse (Plebs, Plou) et ses Annexes : Trêves et Frairies
    • La paroisse pouvait comprendre une ou plusieurs trêves (treb, trev, tref) ou fillettes, composées de villages ou hameaux (villa, ker).
    • Les trêves, toujours éloignées de l'église paroissiale et pourvues d'une chapelle avec des droits spéciaux, existaient dans les paroisses très étendues. Elles annexes ou succursales de la paroisse.
    • La frairie, subdivision plus ou moins importante de la paroisse ou de la trêve, ne doit pas être confondue avec la trêve (qui était une exception). Toutes les paroisses rurales et les villes étaient divisées en frairies.
    • La frairie, souvent pourvue d'une chapelle, était davantage une division administrative ou financière établie par les fabriques paroissiales (responsables autrefois de la levée des impôts, du recrutement de la milice, etc.).
  • E. Autres Dénominations au IXe Siècle (Selon M. A. de Courson)
    • Plebs condita (paroisses d'origine romaine et militaire). o Centena et vicaria (assimilées à plebs).
    • Compot (réunion de plusieurs villages).
    • Autres dénominations de moindre importance
  • F. Présence du Clergé Régulier : Abbayes, Prieurés, Couvents, etc.
    • À côté du clergé séculier existaient les établissements réguliers (abbayes, prieurés simples ou conventuels, couvents, ordres militaires, hôpitaux et anciennes maladreries).
  • G. Importance de la Datation Précise pour l'Étude de l'Organisation Ecclésiastique (1789)
    • La liste des divisions et subdivisions ecclésiastiques de l'ancien diocèse de Vannes et des parties limitrophes (Morbihan actuel) est rapportée à la date précise de 1789.
    • Nécessité de cette précision pour la confection des pouillés, car l'organisation variait considérablement entre les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles.
    • Risque d'erreurs en composant un pouillé nouveau sans préciser l'époque.
  • H. Mobilité des Structures Ecclésiastiques : Évolutions et Transformations
    • Nombreuses transformations de localités : simples villages ou frairies devenant trêves ou paroisses, et inversement.
    • Modifications fréquentes (jusqu'à trois ou quatre fois) dues au déplacement de la population, à l'érection en paroisses d'anciennes chapelles seigneuriales ou prieuriales (englobant parfois leurs paroisses primitives), aux rivalités et procès (dont certains duraient jusqu'en 1789).
  • I. Difficulté d'Établir des Listes Exactes : Paroisses et Prieurés
    • L'extrême mobilité rend difficile la confection d'une liste précise des paroisses
    • État incertain des prieurés (nombreux et actifs au Moyen Âge, souvent abandonnés ou sécularisés à la Révolution, confondus avec de simples chapellenies).
    • Seuls les principaux prieurés dépendant des abbayes sont mentionnés, les autres étant renvoyés au Dictionnaire

 

X-. Diocèse de Vannes en 1789

  • A. Fondation et Limites du Diocèse
    • Fondé en 465, avec saint Patern comme premier évêque gallo-romain.
    • Limites conservées après l'occupation bretonne, correspondant à l'ancienne civitas des Vénètes (mer au sud, Ellée à l'ouest, Blavet supérieur et Oust au nord, Vilaine à l'est).
  • B. Divisions du Diocèse : Absence de Rapport avec les Pagus Anciens
    • Les divisions du diocèse ne semblent pas liées aux pagus mentionnés dans les premiers siècles (pagus Venetensis, pagus Gueroci, pagus Reuvisii, pagus Beels).
    • Le pagus Beels est le seul à figurer comme doyenné dans l'organisation ecclésiastique.
  • C. Résidences des Évêques et Juridiction Temporelle
    • Résidence principale à Vannes (manoir de la Motte, ancien château ducal, future préfecture).
    • Résidence d'été au manoir de Kerango (paroisse de Plescop).
    • Juridiction temporelle étendue (Régaires), avec siège principal à Vannes et siège particulier à Pont-Scorff (aliéné avant la Révolution
  • D. Chapitre de l'Église Cathédrale : Dignitaires
    • Archidiacre, trésorier, chantre et quatre archiprêtres.
  • E. Organisation du Diocèse en 1789 : Paroisses, Doyennés et Territoires
    • Cent soixante-douze paroisses réparties entre six doyennés et quatre territoires :
      1. Territoire de Vannes (34 paroisses).
      2. Doyenné de Pont-Belz (siège à Mendon).
      3. Doyenné des Bois (siège à Guidel).
      4. Doyenné de Guémené (siège à Locmalo).
      5. Doyenné de Porhoët (siège à Saint-Servant).
      6. Doyenné de Carentoir (siège à Carentoir).
      7. Territoire de Redon (4 paroisses).
      8. Territoire de Rieux (13 paroisses).
      9. Doyenné de Péaule (siège à Péaule, 16 paroisses).
      10. Territoire de Belle-Île (4 paroisses).
    • Les doyens étaient également recteurs (curés) au siège de leur doyenné.
  • F. Détail des Paroisses par Doyenné et Territoire (Exemples)
      1. Doyenné de Carentoir : Carentoir (avec ses trêves), La Gacilly, Malestroit, Missiriac, Renac, Ruffiac (avec sa trêve), Saint-Just, Sixt, Le Temple de Carentoir, Tréal.
      2. Territoire de Redon : Bains, Langon, Brain, Redon.
      3. Territoire de Rieux : Allaire (avec sa trêve), Bégan, Les Fougerêts, Glénac (avec sa trêve Cournon), Peillac, Pleucadeuc, Rieux (avec sa trêve), Saint-Congard, Saint-Gravé, Saint-Jacut, Saint-Laurent-de-Grée-Neuve, Saint-Martin-sur-Oust, Saint-Vincent-sur-Oust (avec sa trêve).
      4. Doyenné de Péaule : Ambon, Arzal (avec sa trêve), Berric, Billiers, Bourg-Paul-Muzillac, Caden, Larré, Malansac, Marzan, Molac, Noyal-Muzillac (avec sa trêve), Péaule, Lauzach, Pluherlin (avec sa trêve), Limerzel, Questembert.
      5. Territoire de Belle-Île : Bangor, Locmaria, Le Palais, Sauzon.

       

XI-. Les Paroisses Annexées : Complexités et Persistances

  • A. Exemples d'Annexions dans le Morbihan
      • La Croix-Helléan et Helléan, Cruguel et Billio, Glénac et Cournon, l’île-d'Arz et llur, Locminé et Moustoirac, Malestroit et Missiriac, Remungol et Moustoir-Remungol, Rohan et Saint-Gouvry, Saint-Allouestre et Buléon, Saint-Marcel et Bohal, etc.
  • B. Absence de Fin des Procès Malgré les Annexions
      • Contrairement aux attentes, les annexions n'ont pas mis fin aux procès engagés contre les populations réunies sous le même pasteur.
  • C. Persistance du Nom de Trêve et Difficulté d'Identifier la Paroisse Principale
    • Le nom de trêve persistait, et celui de paroisse annexée était rare.
    • Difficulté de distinguer entre la paroisse et la trêve au sein des entités réunies, en raison du manque de titres d'érection et des évolutions historiques.
    • Complexité accrue par les recteurs qui utilisaient alternativement les noms des deux paroisses annexées dans leurs actes.

 

XII- Focus sur la Paroisse de Glénac et son Annexion avec Cournon

  • A. Historique de Cournon Avant l'Annexion
    • En 870, Cournon était un petit monastère dans la grande paroisse de Bains, dont elle a conservé le nom.
    • Lors de son démembrement de Bains, elle resta liée à l'abbaye de Saint-Sauveur et ne passa pas immédiatement au territoire de Rieux avec Glénac.
    • Au Xe siècle, Cournon faisait encore partie du doyenné de Carentoir.
    • Son église paroissiale était dédiée à saint Amand
  • B. Union de Glénac et Cournon et leur Appartenance au Territoire de Rieux
    • Les deux paroisses furent unies à une date inconnue (au moins depuis le début du XVe siècle).
    • Elles ont toujours fait partie du territoire de Rieux depuis cette union.
  • C. Histoire de la Paroisse de Glénac
    • Supposition que Glénac a été entraînée dans le doyenné de Carentoir par Cournon, puis a rejoint le territoire de Rieux lorsque le titulaire des deux bénéfices y établit sa résidence.
    • Son église paroissiale était dédiée au pape saint Léon et possédait des reliques vénérées par les goutteux.
    • Érection de Glénac en commune en 1790, puis en paroisse indépendante en 1802.
    • Description des églises successives de Glénac (près du marais, détruite en 1846, chapelle de 1925, église actuelle de 1846 dédiée à Léon II).
  • D. La Dîme sur Glénac et Cournon et ses Conséquences
    • Dîme prélevée à la 33e gerbe sur toute la surface des deux paroisses.
    • Partage entre l'abbaye de Redon (deux tiers pour la sacristie) et le recteur (un tiers, revenu modeste).
    • Le maintien de ce droit par Saint-Sauveur sur les deux paroisses suggère leur démembrement commun de Bains.
    • Le recteur avait le choix entre deux résidences (Glénac ou Cournon).
    • Préférence pour Cournon au XVIe siècle, entraînant la ruine du presbytère de Glénac (emplacement seul visible au milieu du siècle).
    • Glénac considérée comme une simple trêve à cette époque.
    • Reconstruction du presbytère de Glénac en 1671-1673 et installation du recteur, entraînant une apparente rétrogradation de Cournon au rang de trêve.

 

 



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