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Dangers et Légendes des Marais de Glénac

 

Les Dangers des Marais

 

Dangers des Marais -

Les crues sont beaucoup moins importantes, moins nombreuses depuis la construction du barrage d'Arzal en 1972 et les travaux exécutés en 1982. Avant, en effet, tous les ans, ces marais étaient inondés. Parfois les marais étaient entièrement glacés et les jeunes s’amusaient sur la glace, celle-ci n’était pas toujours très épaisse, cela la rendait très trompeuse et dangereuse.

Quand une tempête survenait, les vagues et le courant étaient assez forts ; la marée se faisait sentir jusque-là. Une [9]marinière raconte que lorsque « on remontait à La Gacilly, il fallait traverser le marais à la perche pendant 2 kilomètres. Quand le vent était trop fort, le vent venant traditionnellement de Glénac, on jetait l'ancre et attendait l'accalmie.

Accidents dans les Marais

1862 -

Sur [10 le compte- rendu rédigé à l'Empereur par le Ministre de l'Intérieur, des actes de dévouement ont été signalés pour le 2° trimestre de 1862 et aux termes d’un rapport approuvé par sa Majesté le 21 mai dernier, des médailles d'honneur en argent de 2° classe ont été décernées aux personnes du Morbihan ci-après désignés : Quiban (Mathurin) passager au Port Corbin Busson (Jean-Marie) forgeron à Glénac Cheval (Mathurin) cultivateur à Glénac Rialland (Thomas), couvreur à Glénac. « A Glénac, le 22 mars 1862, ces personnes se sont dévouées pour secourir quatre personnes exposées à périr dans le marais ».

1866

Le[11] 17octobre dans la matinée, le cadavre du sieur Robert Mathurin, domestique, âgé de 16 ans, a été retiré de la rivière d'Oust, près du bourg de Glénac .Ce jeune homme s'était noyé accidentellement, la veille , en tombant d'un bateau dans lequel il passait des bestiaux pâturant de l'autre côté de la rivière.

1867

Un[12] acte de dévouement remarquable a été accompli par une toute jeune fille, à Glénac. Les marais étaient gelés. Plusieurs enfants y glissaient ; la glace se rompit et un garçon de 7 ans disparut. Alors Jeanne-Marie Méaude, âgée de 14 ans, se dirigea vers l’endroit du sinistre, sans hésitation et ayant saisi l'enfant par les bras, put l'arracher d'une mort certaine. Il y a trois ans, elle se jeta dans l'Oust, à Port de Roche, pour sauver un enfant âgé de 5 ans que le courant entrainait.

1884

Le [13]cultivateur Méaude, demeurant au village de Port-Roche en la commune de Glénac, conduisait ses vaches au champ dans les marais voisins. Pour passer la rivière, cours d'eau qui se décharge du canal de l'Oust, il avait mis onze bêtes à cornes sur le bateau destiné à ce service. Mais, à moitié route du rivage, les vaches se sont avancées sur le devant de l’embarcation ,et celle-ci a sombré par une profondeur de deux mères d’eau. Tous les bestiaux se sont sauvés à la nage ; seul le conducteur s'est noyé.

1894

Le dimanche 7 janvier, vers 3 h 1/2 du soir, le nommé Sabot, Pierre-Marie, âgé de 38 ans, tisserand, demeurant au village de Bressillian, commune de Saint-Vincent, qui revenait du bourg de Glénac en compagnie de son beau-frère Robin, Julien-Marie, âgé de 38 ans, tisserand, demeurant au village de la Prévôsté, même commune, en traversant sur la glace les marais qui séparent les communes de Saint-Vincent et de Glénac, s'est noyé accidentellement en traversant la rivière de l’Oust dont la glace, qui avait à peine un centimètre d'épaisseur au milieu, s'est rompue sous ses pieds. Il a disparu presque aussitôt, sans que le nommé Robin qui marchait un peu derrière lui, ait eu le temps de lui porter secours.

Le lendemain 8 janvier, des recherches ont été faites dans ladite rivière, à l’aide de crocs et de longues perches et, vers 4 heures du soir, le cadavre de Sabot a été découvert par plusieurs personnes de Glénac et de Saint-Vincent et transporté à son domicile. Cette mort étant purement accidentelle M. le Maire de Saint-Vincent a ordonné à sa famille de procéder à son inhumation.

1920

Les Ponts[14] et Chaussées ont procédé au nettoyage des marais de Glénac. Jean-Marie Danet, maçon à Peillac et travaillant à la drague, perdit un moment l'équilibre et tomba dans la vasière. L'éclusier qui avait vu l'accident se porta aussitôt au secours de Danet qu'il ne put retrouver qu'au bout d'une demi-heure. On s'empressa autour du noyé pour lui prodiguer les soins nécessaires, mais rien ne put le faire revenir à la vie. Danet était un très bon nageur, aussi doit-on supposer qu'il a été pris de congestion, à moins que la vase n'ait paralysé ses mouvements, l'empêchant de remonter à la surface.

Légendes et Contes des Marais

La Tourelle

Dressé sur une plate-forme sauvage et dénudée, le château, de ce côté, dominait toute la contrée de ses murs altiers, bâtis tout au bord d’un profond précipice. D’un côté, il présentait sa façade au petit bourg de Glénac ramassé sur lui-même à l’abri du manoir.

Le corps principal de logis était flanqué de deux tourelles dont l’une portait le nom de « tourelle de l’Enchanteur »parce que ,dans les temps reculés, l’enchanteur Merlin avait, disait-on, séjourné chez les ancêtres du comte de Glénac.

Le créateur de la Table Ronde protège le château et son influence peut agir en cercles concentriques autour de celui-ci, comme en témoigne le conte bref intitulé « le Feu de Merlin »

Dame Blanche des Marais

Légende C'est,[15] dit-on, une noble châtelaine, madame Ermengarde de Malestroit, qui revient visiter de nuit ses anciens domaines et glisse, sans radeau ni barque, sur les eaux tranquilles des marais de l'Oust.

Elle est grande, belle, majestueuse. Son corps est souple et ondule avec grâce au souffle de la brise. Sa longue chevelure se déploie et l'entoure comme un vaste manteau.

Les soirs d'automne, quand l'air est calme et chaud, on la voit parfois grandir, grandir et toucher du front les étoiles. Si le vent des nuits se lève, elle se prend à osciller lentement, comme faisait, en sa vie mortelle, madame Ermengarde, lorsqu'elle dansait le menuet du bon duc François de Bretagne.

Puis les plis de sa robe deviennent diaphanes : la lune perce les flots de ses cheveux. Puis encore, si le vent redouble, elle se suspend tremblante à son aile, et monte avec lui vers le firmament.

Le lieu où elle se tient d'ordinaire est situé au milieu des marais. Tout près de là, l'Oust et une autre rivière croisent leurs courants, ce qui détermine un tournant fort dangereux en tout temps et qui devient, lors de la crue des eaux, un véritable gouffre. Le jour, on le voit de loin bouillonner et lancer vers le ciel une vapeur blanchâtre ou teinte des couleurs de l'arc-en-ciel. La nuit, on ne voit que la Femme Blanche. Aussi certains prétendent-ils que la Femme Blanche n'est que la vapeur du gouffre de Trémeulé, mais ils se trompent grandement s'ils le pensent ; s'ils le disent, ils font acte téméraire. Madame Ermengarde, en effet, s'est vengée plus d'une fois cruellement des incrédules et ceux qui doutent ,font prudemment de ne point donner leurs chalands au courant de l'Oust, une fois que l'étoile du Nord s'est levée sur les arbres noirs de la Forêt-Neuve.

Paul Féval

connaissait bien la région pour y avoir séjourné chez son oncle à Glénac. Dans [16] son livre de souvenirs "Mémoire du Pays", Jean Rouxel apporte quelques précisions sur les lieux du drame : « En face de ce lieu sinistre, du côté de Bains, tout près de l'île aux Pies, une énorme pierre, debout sur une autre, au ras de l'eau, s'appelle la Roche à la Demoiselle, car elle était hantée la nuit par une belle jeune fille vêtue de blanc qui ne dit rien à personne. » Ce personnage a peut-être servi de thème à Paul Féval pour son roman de la Dame Blanche des Marais. Les principales péripéties de cette histoire se déroulent en effet dans ces parages qu'il appelle le tournant de Trémeulé.

La Dame Blanche et les Marais

En cette humide matinée d’automne, le comte Jean de Glénac était songeur, Rosen, sa fille bien-aimée, était loin du château familial et nul ne savait quand elle reviendrait au pays natal. Le vieil homme avait essayé de tromper son ennui de multiples manières, mais la chasse au cerf, les longues parties d’échec et la douce musique de son petit harpeur ne pouvait remplacer la présence de sa chair. Comme perdu dans une rêverie sans fin, le Seigneur des Marais laissait errer son regard sur un paysage aquatique où les oiseaux frôlaient l’eau de leurs ailes puissantes.

Ce matin-là, jour de grâce de l’an 1489, les pêcheurs revenaient au bourg avec leur pesant d’anguilles grasses et luisantes. Tous sauf un, Hervé du chemin de l’Oye. Déjà une certaine inquiétude régnait, car la broue faisait son apparition, transformant le marais en un lieu indéfinissable, royaume sans frontière de la Dame blanche. Elle étendait son manteau brumeux sur les imprudents et plus personne ne les revoyait.

La froidure pénétrait les os d’Hervé ; il s’employait à lutter contre elle en poussant plus fort sur la perche. Mais où était donc le bourg ? Le jeune homme voyait se dessiner la Dame Blanche ; c’était bien elle qui le faisait tourner en rond, depuis combien de temps au juste ? Ivre de fatigue, Hervé avait sombré dans un sommeil traversé d’images macabres. À vrai dire, le jeune homme était plus mort que vif ! Il gisait au fond de son embarcation comme un animal blessé attendant que vienne l’ultime délivrance.

Quelques émeraudes étaient tombées du diadème de la Dame Blanche et s’étaient transformées en feux follets qui encerclaient Hervé. Devant lui, aussi loin que portait son regard (à une distance vraiment minime), ce n’était que mortelle blancheur.

Soudain, Hervé aperçut au loin un feu rougeoyant, situé à une hauteur respectable. Quelques secondes plus tard, la céleste clarté se transforma en une énorme sphère rougeâtre qui se mit à tournoyer sur elle-même à très grande vitesse.

Alors Hervé éprouva un regain de vitalité et reprit le combat, arcbouté sur sa perche, il fit route sur la sphère enflammée en ne songeant à rien d’autre qu’à s’en rapprocher le plus vite possible. Il arriva au bourg dans un piteux état, mais sain et sauf ! Ses voisins le croyaient disparu à tout jamais, car son absence avait duré trois jours et trois nuits. Hervé fut abasourdi en apprenant cela.

Il fut mandé au château afin de raconter son histoire .

Après avoir écouté attentivement le récit du jeune pêcheur, le comte Jean qui était assis au coin d’une vaste cheminée de granit se leva et conduisit Hervé devant une collection de tapisseries très anciennes. Sur une d’elles était figuré le protecteur du château, l’enchanteur en sa douce forêt de Brocéliande.

Dans les temps reculés, Merlin a séjourné en ce castel dit le comte Jean . L’une des deux tourelles qui flanquent le corps du logis fut jadis nommée tourelle de l’Enchanteur , et aujourd’hui, nul n’a le droit d’y pénétrer. Comprends-tu ce que cela signifie ?

Ce feu écarlate auquel tu dois la vie brillait au sommet de cette tourelle, mais durant trois jours et trois nuits, tu fus le seul à pouvoir le distinguer. Il en va toujours ainsi.

Hervé regagna sa chaumière et recouvra quelques forces, mais de mémoire de vivant, jamais on ne le revit aller taquiner l’anguille et le brochet. Ce qui tendrait à prouver qu’il n’était point dénué de sagesse [17].

Le Passeur de Branféré

Bien avant [18] que le canal Nantes à Brest n'existe, des passeurs, postés à Branféré, commune de Glénac, se chargeaient de transporter, d'une rive à l'autre, les personnes et aussi les bêtes dans de grandes barques plates, sans compter les foins à la belle saison. Mais jamais les hommes ne se seraient risqués à transporter qui que ce soit une fois tombée la nuit. C'était un interdit. Pourtant, un soir, des coups furent frappés à la porte de leur refuge situé en haut de butte. Ils ne répondirent pas. La mère dit d'ailleurs : « Ce n'est plus le moment ! » L'heure est passée.

Bien entendu, les coups recommencèrent et la demande plus insistante, plus forte encore.

Quelqu'un s'est résigné à descendre. Le client était vêtu d'habits sombres, on n'en distinguait rien.

Au moment où le passeur prenait la barque, le croyant seul sans doute, l'homme lui dit : « Non, pas la barque, la barge ! »

Il passa donc l'homme sur l'autre rive et, là, après un appel, il fit monter des louves. Le passeur en compta quatre-vingt-dix-neuf (avec l'homme, cela faisait cent).

Quand le chargement fut de retour vers Glénac (Yena), l'homme et les bêtes descendirent de la barge et c'est en les voyant descendre que le père vit que l'homme avait des pieds en sabots de bœuf.

Celui-ci lui demanda combien il devait pour ce passage et le passeur effrayé répondit : « Rien… » Je ne veux rien. Il avait trop peur et ne croyait dans ce moment-là que ses yeux. C'était sûrement le Maudit.

L'autre insista et voyant le silence de son batelier, il lui dit en lui jetant une bourse de pièces : « Voilà pour vous, j'y tiens ! » Mais que je ne vous revois point le soir !

Passeur de Bercihan à Glénac Avant le canal, les passeurs ne sortaient pas la nuit. Pourtant, une nuit, quelqu'un frappa à la porte. Un homme sombre demanda de l'emmener de l'autre côté du marais pour amener des moutons. Quand ils revinrent, l'homme demanda combien il devait. L’autre ne répondit rien. — Tant mieux, dit l'autre, sans cela, je t'emmenais ! » C'était le Diable. Il avait bien vu le passeur, le bateau s'était enfoncé jusqu'au bord, sans qu'il puisse voir pour autant ce qu'il transportait dedans.

Croyances et mystère

Clairoux ? Ce sont des feux follets visibles surtout dans les endroits marécageux. Étant allé une nuit voire un malade, on envoie le pâtou me reconduire à ma voiture pour en rapporter un médicament. Le garçon, épouvanté, me montre des feux follets : « Donnons-nous garde, v'là des clairoux »

L'aspect mystérieux, souvent inquiétant des marais, des zones humides en général, a toujours nourri l'imagination populaire et donné naissance à des histoires de tous les temps dans tous les pays. Ces contes et ces légendes sont d'un intérêt universel.

sources

(9)-Annales de l’A.P.P.H.R 1999

[10] Courrier de Bretagne – 17 décembre 1862

[11] Courrier de Bretagne – 24 octobre 1866

[12] Courrier de Bretagne - 06 février 1867

[13] Courrier de Bretagne -2 novembre 1884

[14] Le Progrès du Morbihan, 16 octobre 1920

[15] Contes de Paul Féval

[16] Mémoire du Pays

[17] D’après le thème d’un roman d’Yvonne Morancé

[18] Auteur M. Poulain

(19) Les informations-Archives Guillouche Debray Anne Glénac

 

 

 

 

 



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